24H chrono : vis ma vie de Parisienne

Ce matin je me lève tranquillement dans ma chambre parisienne.

Arrivée hier de Marseille en avion (pas de grève ce jour-là), ayant paisiblement circulé en #ChauffeurPrivé (un peu stressé le chauffeur quand je lui ai annoncé notre destination : l’espace arche de La Défense), puis en métro. Aucune anicroche, aucun ralentissement, de la pluie, du vent, rien de notable donc. Aucune raison de m’inquiéter ce matin à mon réveil donc. Je me prépare tranquillement à prendre le métro pour rejoindre la Gare du Nord d’où je dois embarquer pour Londres.

Poussée par une intuition qui s’avérera salvatrice, je prends quand même de l’avance et quitte ma chambre 30mn plus tôt que ce que j’avais prévu, hier soir, en me couchant. 

Je rejoins la ligne 9, armée de mon ticket de métro et de ma valise à roulette, sur laquelle repose mon sac de PC, mon sac à main sur l’épaule. Le tout pèse un peu lourd lorsque je descends les escaliers, rien d’inhabituel. Un regard sur le panneau, le métro arrive dans 1 mn. Ca circule normalement. All is fine.

A l'instant où je mets un pied dans la rame, je reçois une notification de mon appli #Europe1 "panne de signalisation à la Gare Saint-Lazare, trafic fortement perturbé". Mon appli #ratp m’avait indiqué de changer à Haussmann pour prendre la ligne E, je ne m’inquiète donc pas outre mesure. Je sors du métro à la gare dite, m’oriente difficilement mais sûrement vers la ligne E (ceux qui connaissent cette zone comprendront que l’orientation est loin d’être user friendly) au rythme des notifications de plus en plus alarmantes : "plus aucun train ne circule à la Gare Saint-Lazare".

Et de fait, alors que je m'apprête à descendre sur les quais du RER E, une personne bien intentionnée tire un cordon rouge et blanc devant moi. J'ôte mon écouteur gauche, interrompant à moitié le fil de la chanson très entraînante de ma playlist #Deezer, et écoute ce que cet agent affichant un sourire gêné essaie de me dire. En couvrant d'une voix forte le message d'alerte diffusé dans la gare, il me confirme qu'il me sera impossible de rejoindre les quais, ceux-ci étant désormais fermés, rapport à la couleur du ruban qu’il est en train de tenir. Je lui réponds avec le sourire d'une personne qui se sent sereine malgré ce contre-temps, ayant pris de l'avance, que je vais donc faire demi-tour pour me diriger de ce pas vers le RER A. Alors que je replace tranquillement mon oreillette, je l'entends me glisser : "....plutôt ligne 9 et ligne 5". La ligne 9? pourquoi pas.

Je reviens donc sur mes pas et me retrouve, RATP seule sait pourquoi... sur le quai du RER A. Philosophe, je me dis que les 2 chemins mènent à Rome/Gare du Nord. Le fonds musical dans mes oreilles est temporairement couvert par le bruit du RER qui entre en gare. Ce léger contre-temps est donc déjà oublié quand je sors à Chatelet les Halles pour prendre le RER B. Alors que j’observe comme la gare est propre et nette (un peu d’autopromo), le souvenir d’un incident entendu hier matin à la radio alors que je me rendais à l’aéroport refait surface dans mon esprit : un RER B s’était couché sur les voies, faisant quelques blessés légers et interrompant durablement le trafic. Je vérifie sur les panneaux de signalisation (panneaux qui, même s’ils fonctionnent bien, sont vraiment peu lisibles), seule la Gare du Nord sera desservie par le RER qui arrive. All is fine, c’est bien là que je m’arrête.

Je prends place dans le RER, récupère même une place assise et me replonge dans mon magasine Usine Nouvelle que j’avais commencé un peu plus loin au sud de Paris (numéro du 3 mai, retard dans mes lectures, occasion de lire cet article sur les Cobots, #nouveausujetàlamode).

5mn plus tard le train n’a pas bougé. Je lève la tête, pensant à une régulation du trafic, au moment où le conducteur annonce un colis suspect en Gare du Nord. Le trafic est momentanément suspendu. Il n’y a plus qu’à attendre. Je regarde ma montre, l’avance que j’avais prise s’amenuise minute après minute.

5mn et deux annonces plus tard je commence à perdre ce flegme british que j’affichais depuis le premier imprévu. Quand le conducteur annonce encore une fois qu’il n’a aucune information et qu’aucun délai de reprise de trafic ne lui a été donné, mon cerveau passe en mode alerte. Automatiquement mes mains referment le magazine, ôtent mes écouteurs, interrompent le flux musical et attrapent ma valise. Me voilà debout à jouer des coudes pour sortir de cet espace où les gens continuent de s’entasser et à m’expulser moi-même sur le quai, bien décidée à ne plus subir les aléas ratpiens.

Je me dirige vers un écran d’information qu’une jeune femme est en train de filmer, probablement interpelée par le déferlement des annonces : « RER D bloqué par un mouvement social » « Gare Saint-Lazare fermée » « ligne 5 perturbée par un accident voyageur »… Ouf ! rien sur la ligne 4. Je me dirige d’un pas rapide vers les quais, le métro arrive, hop c’est parti !

D’un coup d’œil rapide je compte le nombre d’arrêts, quand tout à coup mon regard est saisi par une information d’importance vitale. Incrédule, je lis l’information suivante « la Gare du Nord ne sera pas desservie du XX au…12 juin !

Une petite voix, limite de mauvaise foi, me rappelle qu’on est le 13 juin, alors peut-être... aussitôt interrompue à l’arrêt Gare de l’Est par celle, pré-enregistrée qui annonce tranquillement que, pour rappel, l’arrêt Gare du Nord ne sera pas desservi…

Sortie en trombe du métro, dégainage d’Iphone, lancement de google map, 6mn de course avec valise et sacs, entrée dans la gare, scan visuel pour repérage panneau Eurostar, montée des escalators 4 par 4, et… « cette dame sera la dernière passagère pour le départ de 9h13 ».

Bien installée, je rédige ces quelques lignes, avec une pensée pour mes amis parisiens, mais surtout soulagée : demain je rentre directement de Londres à Marseille, sans passer par la case parisienne.