Apprendre à mieux gérer son temps : et si la réponse était ailleurs?

Apprendre à mieux gérer son temps : et si la réponse était ailleurs?

Alors vous connaissez sans doute les outils principaux (si si, vous avez fait une formation, ou avez acheté des bouquins) :

  • la priorisation de ce que vous devez faire (tout n'as pas la même priorité, il y a des choses urgentes, et des choses importantes. Et des "nice-to-have" qu'on peut mettre de côté). Or souvent on met tout au même plan, et on essaie d'être sur tous les fronts. Et on vit comme un échec/abandon de ne pas faire des choses (surtout si on s'était engagé auprès d’autrui).
  • la planification à moyen et long terme, pas uniquement à court terme. Or souvent on se décourage de regarder plus loin que le mois en cours, on a la tête dans le guidon, on est occupé à gérer l'urgent et les actions d'anticipation ou de planification nous semblent moins urgentes. Certes, elles le sont moins - mais en étant importantes, elles permettent sur le moyen/long terme de mieux anticiper, donc d'être moins dans le rush.
  • l'anticipation : prévoir des moments dans son agenda pour se préparer (ça prend du temps de penser!!), pour analyser des résultats, pour brainstormer avant la création d'un projet, pour faire un bilan de ce qui a marché ou pas et comment faire mieux, et pis prévoir aussi des moments avec rien, au cas où on a besoin de cette petite marge !
  • la délégation (avec ou sans accompagnement / formation de la personne à qui on refile le bébé)

On résume souvent ces choix en anglais : "do" "dump" "delegate" : on fait OU on ne fait pas OU on délègue.

Mais ce qui est encore plus intéressant, c'est de creuser le "pourquoi" vous n'utilisez pas forcément ces outils de gestion.

Pourquoi vous n’y avez pas recours, pourquoi vous ne vous les autorisez pas.

Et c'est là que déboulent vos valeurs, vos croyances, vos messages contraignants.

Les messages contraignants (aussi appelés drivers ou injonctions), au nombre de 5 d'après Taibi Kahler, sont au départ des principes d'éducation tout bêtes qu'on a entendus durant notre enfance (super, ça nous a aidés à nous construire), et qu'on a au fur et à mesure érigés en principe de vie, en valeurs. CQFD.

Mais arrivé à l’âge adulte, on réalise que ça finit par nous emprisonner, nous contraindre à faire des choses qu’on a marre de faire.

C’est la fameuse petite voix dans notre tête qui nous sape notre énergie, qui met en doute nos idées, qui impose nos habituels schémas de pensée. Dur d'en déroger.

Voilà les 5. On en a tous au moins 2 prépondérants. Soit on arrive à les gérer pour qu’ils ne nous bloquent pas beaucoup – soit ils sont très contraignants.

Si vous ne vous y retrouvez pas, il existe des tests de personnalité qui vous aident à débusquer ceux qui pèsent davantage chez vous.

1-   "Dépêche-toi" ou l'éloge du combo rapidité / efficacité. Enfant, on aura eu du feedback positif des adultes si on était rapide. Ou on se sera tapé la honte d'être plus lent(e) que son frère/ses camarades. Du coup on fait un focus sur le fait de faire beaucoup de choses, plus que les autres, et le top c’est qu’on nous dise « mais comment tu fais pour faire tout ça dans une journée ?? ». On adore 😊

Bien sûr souvent on finit par se plaindre qu’on n’a plus jamais d’aide, qu’on gère tout. Bé oui, logique.

Prioriser ? Mais non, je ne peux pas ne pas tout faire ! Je vais en perdre ma force, ma réputation.

Planifier ? Anticiper ? Mais non, les gens ne verront plus que je suis super rapide et capable. Je redeviendrai comme les autres.

Déléguer ? Oh que non, ce sera moins bien fait, moins vite fait.

Si je me rassure sur le fait que mes capacités continuerons à être vues, parce que je vais les exprimer autrement que par la rapidité/l’hyperactivité (chose que je n’ai jamais testée avant sans doute), alors je peux commencer à utiliser les outils de gestion du temps.

 

2-   « Fais un effort » ou l’éloge de la persévérance, « on n’a rien sans rien », les succès faciles c’est louche. Il faut mériter les choses. Sinon on n’est pas légitime. Etc… Ce qui peut mener bien des gens à voir la vie comme une série d’épreuves difficiles, à rechercher malgré eux les complications, à préférer les efforts au succès final, à voir davantage les points négatifs que positifs. A vivre les changements comme des échecs. A ne jamais rien lâcher, même si c’est toxique.

Prioriser ? ça veut dire renoncer à tout mener de front. Ça veut dire entrevoir de réussir à gérer son temps, donc ne pas obtenir de résultats par la peine et l’effort.

Planifier ? Anticiper ? Idem. Ça ne laisse pas assez de place à l’effort.

Déléguer ? Mais comment accepter de ne pas relever le défi seul, de ne pas montrer sa capacité à lutter ? Comment donner cette charge de travail à un autre ?

Que faire ? Se rassurer que je suis en droit d’avoir une vie plus simple, que le fait de changer de tactique, de se simplifier les choses, d’opter pour des solutions pratiques est en réalité une qualité et pas une fuite.

 

3-   « Sois fort » qui va souvent de paire avec « y’a pire dans la vie » « c’est pas grave » « je m’en sortirai » « ça va passer ». Les personnes qui sont fortes soutiennent davantage de stress, de pénibilité, de risque que les autres. Elles sont moins connectées à leurs émotions pour leur permettre d’avancer malgré la difficulté. D’ailleurs souvent on se tourne vers elles pour gérer une situation car on sait qu’elle va « taper dedans ». Ces personnes passent leur temps à repérer les choses qui peuvent les affaiblir et les fuir – pour rechercher plutôt les occasions de montrer leurs capacités. Quitte à trouver un job / un(e) partenaire qui leur demande justement de faire preuve de force. Comme les « fais un effort », les « sois fort » sont capables de descendre à des profondeurs de toxicité assez inquiétantes avant de dire stop et de chercher à s’en sortir.

Prioriser, planifier, déléguer … autant dire que c’est contraire à leur « plaisir » de tout faire, dans la difficulté. Et puis … si cela fonctionnait, ça voudrait dire qu’ils ne sont pas si irremplaçables que ça. Comment trouver ma place si moins de choses dépendent de moi ?

 

4-   « Fais plaisir ». Ha la la les « fais plaisir » : ce sont souvent les anciens bons gamins qui ont été récompensés pour leur capacité à être gentils, voire obéissants. Ils sont heureux quand les autres sont heureux. C’est tout simple. Ils remettent leur bonheur entre les mains des autres. Ils jaugent leur valeur à travers le regard de l’autre. Donc ils sont en attente constante. Qu’on leur donne de l’attention, de la reconnaissance, des remerciements. Ils "cherchent" à les obtenir en toute bonne foi en aidant l’autre, en lui facilitant la vie – à leurs dépends car ils ne comptent pas leur peine. Parfois ils tombent dans le jugement de l’autre qui ne répond pas forcément à cet appel déguisé. Et oui, surtout s’ils essaient d’aider un « sois fort » ou un « fais un effort » en leur facilitant la vie … c’est juste complètement fichu d’avance, vous l'aurez compris maintenant. Alors ils vont trouver le monde individualiste, égoïste.

Déléguer va leur sembler compliqué car ils ne veulent pas risquer de décevoir l’autre en leur imposant du travail.

Ils sont davantage intéressés par l’idée de faire beaucoup de choses pour soulager leurs collègues ou les membres de leur famille.

Mais c’est fatigant. Et surtout frustrant. Les « fais plaisir » ont très souvent ce sentiment de frustration de leurs attentes d’attention non comblées.

Or s’ils apprenaient à être leur première source d’attention, de reconnaissance, de remerciement, alors ils ne dépendraient pas autant des autres. Ils pourraient concevoir de ne plus tout faire seul mais demander de l’aide.

 

5-   « Sois parfait(e) », le meilleur pour la fin ! Un rapport à la perfection qui contamine tout ce que les « sois parfait » touchent. C’est simple, il faut que tout soit nickel. Ça peut toucher au respect de règles, d'un cadre. Ça peut toucher à la réussite, à l’atteinte de hauts standards. Un « sois parfait » est très exigeant avec lui-même. Il ne supporte pas que quelque chose soit mal fait, ou à moitié fait, ou sans suivre les consignes.

Le plus facile pour être sûr que tout soit nickel, c’est de faire soi-même. Tout. Tout le temps.

Prioriser revient à faire un choix, et laisser des choses de côté – c’est juste un crève-coeur.

Déléguer ouvre la porte à l’imperfection puisqu’on ne maîtrise pas la qualité de ce que l’autre va produire.

Prendre conscience du degré de pénibilité que ces personnes s’imposent (qui peuvent être très violent dans leur auto-jugement) est une première étape vers le mieux-être.

OUF! On a fait un bon tour des messages contraignants et de leur impact sur la gestion du temps.

On aurait pu faire la même chose et voir leur impact sur le management et la gestion d'équipe ou de famille :)

L'essentiel est de retenir que parfois, pour se former le mieux à la gestion du temps, il est utile d'aller chercher à se comprendre plutôt qu'à essayer d'appliquer des outils qui ne nous correspondent pas.

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