Comment je ne perds plus jamais mon temps
La persistance de la mémoire, tableau de Dali peint en 1931

Comment je ne perds plus jamais mon temps

Si vous avez cliqué sur ce billet attiré par le titre vous allez être déçu ! On ne perd jamais son temps ! On ne peut le perdre car il ne nous appartient pas. Pourtant, nous avons souvent cette sensation très désagréable, à la fin d’une journée, de n’avoir rien fait de valable, de sympa, de positif, bref, nous avons « perdu notre temps ».

La sensation de "perdre son temps"

Tout le monde ne se sent pas concerné par cette question : certains profitent du moment quelle que soit la situation, d’autres aiment la routine … Heureux soient-ils ! Mais pour beaucoup le sentiment de perte de temps est difficile à vivre, surtout quand le phénomène se renouvelle souvent.

Je me suis longtemps posé la question de savoir comment ne plus être soumis à ce désagrément. J’ai lu des ouvrages sur la problématique et je n’ai pas trouvé les réponses que j’espérais. Toutes les méthodes étaient certes passionnantes mais elles demandaient une telle mise en œuvre que j’ai toujours reculé. Je n’ai pas non plus envie de cartographier dans le détail mon activité.

Des méthodes de gestion du temps trop compliquées

Que préconisent (de façon très succincte) ces méthodes de gestion du temps ?

-        Faire un diagnostic de ses pratiques : agenda papier, agenda électronique, gestion en direct, délégation, pas d’agenda du tout …, et de ses habitudes : je fais tout au dernier moment, j’aime anticiper, je dois avoir régler les petits dossiers avant d’attaquer les gros ? …

-        Se connaitre : est ce que préfère travailler le matin ? Le soir ? Ai-je besoin de temps de récupération ? Quelles sont mes croyances personnelles ? Est ce que j’aime l’efficacité ? Est ce que je pense que le temps fait son œuvre ? …

-        Connaitre son contexte et ses interactions avec ce contexte : est-ce que je sais déléguer ? Est ce que mon temps personnel est en phase avec le temps collectif ? Est ce que je récupère toutes les corvées ? Qu’attend-on de moi ? Est-ce que j’ai bien compris quel était mon rôle dans mon organisation ? …

Tous ces critères sont parfaits mais épuisants et, au fond de nous, nous savons que le temps ne se pèse pas comme on pèse des haricots ou même des pierres précieuses.

Comment avancer sans entrer dans des comptes d’apothicaires ?

Depuis des années, je me suis organisée de la façon suivante (1) :

1/ Je fais un recensement de mes activités de la journée (ou des 3 derniers jours ou de la semaine) en incluant toutes les activités, privées comme professionnelles, petites et grandes, programmées comme spontanées (que je réintroduis ex post)

2/ Je range mes activités dans trois grandes catégories :

-        La gestion courante, qui renvoie au quotidien, ce sont les activités professionnelles de tous les jours, les tâches domestiques du quotidien,

-        la réduction de dysfonctionnements, cette catégorie accueille toutes les tâches qui consistent à remédier à un dysfonctionnement : reprendre un dossier mal fait, attendre dans un embouteillage parce qu’on n’a pas préparé son itinéraire, renvoyer une commande qui ne correspond pas …

-        la création de potentiel, qui renvoie à tout ce qui est gratifiant, nouveau, formateur, instructif, plaisant, ce qui nous fait grandir et contribue à notre développement personnel, intellectuel, affectif,

3/ Je fais un bilan « à la louche », à la fin de la période écoulée. Si j’édite cet agenda, je peux surligner avec des couleurs différentes les différentes activités pour avoir une idée de la répartition des trois catégories, ce qui peut m’amener à avoir une vision d’ensemble d’une semaine, ou plus …

J’ai donc une bonne photographie de l’occupation de mon temps.

Soi je résume : la réduction de dysfonctionnement relève de la sensation de « perte de temps », la gestion courante d’une vision d'une utilisation équilibrée de son temps, la création de potentiel, elle, donne le sentiment de « gagner son temps ».

Augmenter ma création de potentiel

Mon objectif est d’augmenter ce que je nomme la « création de potentiel », c’est-à-dire une nouvelle production, quelque chose fait pour la première fois, quelque chose que j’apprends...

Comment faire ? Pour cela, deux axes :

1/ Je repère ce qui, pour moi, est de la création de potentiel : lire les media, un ouvrage, aller au cinéma, faire une exposition, écrire un billet, rencontrer une personne intéressante, avancer dans un dossier, faire une présentation, faire un achat gratifiant ….. Chacun a ses propres critères.

2/ Je fais des tandems : taches/lieux, avec pour objectif de réduire les dysfonctionnements, et d’augmenter la création de potentiel. Je donne un exemple passe-partout dans le tableau ci-dessous.


Attention ! Il est très important de comprendre que la même activité peut relever des 3 compartiments suivant le sens que je lui donne. Par exemple, je peux consacrer une heure à passer l’aspirateur parce que la personne chargée de le faire ne l’a pas fait ou mal fait (réduction de dysfonctionnement), parce que je le passe une fois par semaine pour que la maison soit propre (gestion courante), mais si j’en profite pour réfléchir à un projet qui me tient à cœur ou pour apprendre de l’anglais en podcast ou pour écouter la lecture d’un livre que je découvre, cela devient de la création de potentiel.

A chacun de viser ses propres objectifs et de se donner les moyens de les atteindre. Mais, toujours, en connaissance de cause.

Le temps ne nous appartient pas ! Ni nous le perdons, ni nous le gagnons, mais nous pouvons améliorer la perception que nous en avons.

(1)   Il s’agit de la miniaturisation de la méthode de gestion du temps du laboratoire de recherche ISEOR (Institut Socio-Economique des Entreprises et des Organisations).

Alain Perrot

Founder, Chairman at VALUE GAMES

7 ans

Merci Isabelle Barth pour ce partage. Votre méthode est en effet simple et très concrète. Pour la perturber :O) je vous soumets 2 réflexions. La première est la perception culturelle du temps. Selon Trompenaars (vérifié dans le microcosme des Perrot) , il y a 2 populations dans le monde, les séquentiels et les synchroniques. Les séquentiels coupent le temps en tranches de saucisson, car leur croyance est que faire les tâches en séquence 1,2,3,4, c'est vachement important. Les synchroniques pensent évidemment l'inverse. Dans les archétypes nationaux, les allemands sont séquentiels, les italiens synchroniques (interrompez un allemand et un italien au téléphone, et vous verrez). La deuxième est la vision du temps du philosophe Bergson (contemporain de Proust, ce n'est pas un hasard) qui disait que le temps est à la durée ce que la chrysalide est au papillon. Donc, selon Bergson, vivez intensément ET en continue le moment présent, le bon vieux carpe diem, et ne perdez pas votre temps à découper quelque chose qui n'existe pas. E=mc2 :O)) Xavier Tholey

Maryline Kastler

Interdisziplinäre, strategische Team-Arbeit, Projekte, Planung l Deutsch, Französisch, Italienisch, Englisch l Copywriting, Storytelling, Marketing, Brand, Kommunikation, Digital l Retail, Schweizer Detailhandel Food

7 ans

Grand merci pour cette approche agréablement concrète, créatrice ;-) de sens et de possibilités nouvelles sur ce sujet oh combien délicat - pour lequel on ne nous parle depuis trop longtemps que de planification et rationnalisation!

Patrick PETER

Ingénieur Commercial généraliste chez Orange Business Services

7 ans

Ce n'est pas toujours évident de gérer son temps.. Et combler ce manque.

Jean-pierre Rouvroy

Manager, développeur de motivation.

7 ans

C'est du Dali

Sophie Moutous

Système de Management - Hygiène Santé Sécurité Prévention Environnement.

7 ans

Merci pour ce partage, qui nous rappelle que le temps ne nous appartient pas, c'est nous qui appartenons à notre temps.

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