Dernière maraude de nuit avant la fin du plan froid avec le SAMU social.
Dans la gare ce soir il y a beaucoup de monde. Il y a la foule des gens pressés de partir ou d’arriver et puis ceux qui sont assis ou accroupis au pied des murs du chantier. Ils sont immobiles dans ce paysage mouvant, visibles et cependant contournés avec indifférence ou prudence. Ils représentent un peu ce que nous n’avons pas vraiment envie de voir, l’abandon et la demande.
La gare de la Part Dieu, ouvrage emblématique dans la succession des mandats métropolitains, est en chantier depuis quelques années déjà. Un immense panneau annonce pour l’été prochain la livraison de la future Galerie Béraudier. Homme politique, premier adjoint, adjoint aux finances, homme fort de la politique locale de l’après-guerre aux années 80 du siècle dernier. Je me souviens de lui, surtout d’une visite conjointe des garnis de la Grande Côte. « Montrez-moi ces taudis dont il est question » avait-il dit. Aujourd’hui, des élus viennent en immersion au SAMU Social. Ce besoin de connaître, de toucher du doigt est important, pour que la réalité sociale rejoigne les cercles de décisions.
Autour de la gare, il faut slalomer entre les plôts anti-incursion qui font le mobilier urbain du plan vigipirate. Entre deux arrêts de bus, deux tentes et une accumulation de bricoles, restes de repas, et objets personnels encombrent le trottoir. Deux dames bien mises et pressées :
─ Ça ne devrait pas être autorisé en ville ça ! dit l’une d’elle.
Est-elle en train de dénoncer le dénuement dans lequel nous laissons certains de nos concitoyens, ou de manifester ainsi son désir de voir expulser le bonhomme ?
Sur ce dernier point elle ne peut savoir ce que j’apprendrai moi-même quelques instants plus tard, que ce monsieur sous la tente est le dernier expulsé de la place de Milan. En vertu d’un jugement ancien, la police a exécuté l’évacuation à partir de la flagrance. C’est ainsi que le droit permet d’expulser de nulle part vers nulle part, au risque de rendre encore plus visible le sans-abrisme que la Métropole voudrait éradiquer. Une autre manière de contourner l’être humain au nom d’un ordre public insensé.
Pour l’une des ultimes maraudes de nuit avant la fin du Plan Froid, les équipes se préparent. Elles sont trois éducatrices et une infirmière. Ces salariées en renfort termineront à la fin de la semaine leur collaboration au SAMU. Au cours de la nuit, elles évoqueront l’intensité particulière de cette période.
Après le chargement des couvertures, duvets et boissons chaudes, nous partons. Si le temps le permet nous pourrons voir les lieux où des signalements ont été faits, sans pour autant que les équipes aient pu rencontrer les personnes. Le premier signalement du 115 illustre cette réalité : la rencontre n’est pas toujours possible.
Il est question d’un homme seul d’une quarantaine d’années que nous devrions trouver dans un jardin des pentes de la Croix-Rousse. Les indications dont nous disposons devraient nous permettre de trouver la personne dans ou près d’une cabane « proche des buissons » dans le jardin des Beaux-Arts.
Arrivés sur place, il y a bien plusieurs cabanes dispersées dans le jardin. L’une sur la hauteur et une autre plus bas, toutes deux vides d’occupants. Un panneau indique que le locataire est absent, qu’il travaille toute la journée. Un numéro de téléphone figure sur la plaque. Domicile d’un sans domicile, l’installation jouxte les composts associatifs et les escaliers peints, passage obligé des touristes. Nous repartons bredouilles. Nos recherches n’ont rien donné.
L’isolement de celui que nous cherchons est une occasion d’évoquer en cours de route les difficultés d’accueil en urgence. Le manque de place est toujours la première préoccupation. Mais pour accompagner la pénurie, ce sont les « règles » administratives qui fabriquent un tri d’une grande injustice. Etre en couple c’est devoir se séparer, comme ce mari qui après une nuit a été contraint de retourner à la rue. Avoir un enfant de plus de trois ans n’ouvre plus les mêmes droits, faut-il tricher dès lors que la date de naissance impose une limite qui parfois se compte en jours ?
Nous n’avons pas le temps de nous attarder, il faut répondre à un nouvel appel. Il s’agit d’un jeune homme qui nous attend vers le centre des impôts en plein centre-ville. Celui-ci, Khlaled, nous guide par téléphone jusqu’à l’endroit où il se trouve. Khaled est un homme jeune, dont l’apparence ne trahit en rien son état de sans domicile, si ce n’est le sac bien rempli qu’il traîne avec lui.
Malgré sa jeunesse, Khaled a un passé de rue puisqu’il nous relate son expérience d’un lieu d’accueil depuis longtemps fermé. Ce qu’il dit de son quotidien est empreint du découragement de beaucoup d’usagers des services sociaux lorsque la demande dont ils sont porteurs est lourde et multiforme. Bien que domicilié au CCAS, il n’a pas encore de référent handicap. Depuis dix jours à la rue, il se débrouille, dit-il. Mais il peine à se retrouver dans ce qu’il considère comme de nouvelles formes d’organisation nées de l’après Covid. De nouvelles règles sont apparues, les temps d’accueil sont plus réglementés et parfois limités en demi-journées. La nécessité d’être suivi, donc d’avoir un référent est une condition. Heureusement, il a un rendez-vous dans quelques jours.
Il a besoin d’un duvet et de couvertures. Le temps de prendre un thé permet d’entendre les besoins, de donner des informations. Un moment privilégié, celui où la personne trouve une écoute. Il y a au cours de ces nuits quelque chose d’essentiel dans ces moments simplement humains où, sans enjeu particulier, les personnes rencontrées se racontent.
Après emballage des couvertures dans son sac déjà bien rempli, nous repartons. Pendant ce temps, un homme noir, de forte corpulence, encombré de sacs et poussant un caddy se faufile derrière le bâtiment du Sofitel. Il nous a vu mais ne demande rien.
Durant le trajet qui fait suite à un nouvel appel du 115, nous évoquons les besoins en formation, en particulier dans le domaine du droit. Les éducatrices évoquent un service juridique au Foyer Notre Dame des Sans Abri qui peut apporter des réponses aux travailleurs sociaux. Elles soulignent combien il est particulièrement efficace d’avoir des professionnelles au service des professionnelles.
Pierre, que nous retrouvons facilement sur la colline, m’apparait comme un concentré de souffrance.
─ On m’a dit schizophrène. Nous explique-t-il. « Etrange sujet, sans identité fixe » 1. Pierre insiste :
─ J’ai arrêté la coke, je partais en vrille. Il a écrit une lettre de candidature pour une cure à Nîmes. Un projet qui peut être aussi celui d’un éloignement de son environnement actuel. A l’origine de son retour à la rue, il y a une rupture avec le lieu d’accueil qu’il a quitté suite à une intrusion. Nous reviendrons plusieurs fois sur l’importance de maintenir un lien avec les personnes qui le connaissent.
─ Oui, mais on me questionne trop, j’ai pas toujours envie de donner, est sa réponse.
Pourtant, il est en grande demande, comme il le dit, il a besoin de chaleur « dans son cœur », alors il parle. Il raconte ses délires.
─ Il m’arrive de voir une forme noire immense qui dévale les escaliers, c’est comme à l’hôpital, certainement un mort qui revient, un être qui soignait et veut continuer son travail.
Besoin de chaleur, mais aussi ajoute-t-il : de cadre. Il nous parle enfin de sa rencontre avec la naturopathie et de sa grande foi dans les plantes. Nous échangeons sur les besoins de rigueur qui sont à la base de tout soin. Notre conversation s’étire ainsi, il nous remercie pour notre présence chaleureuse.
Avant de partir, il revient sur l’essentiel de sa vie : sa « mère indigne » qui l’a abandonné. Souffrance intime et renvoi vers le destin collectif de tant d’enfants de l’ASE. La maraude n’a pas pour fonction de soigner, elle sait prendre soin, même l’espace d’un instant.
Nouvel appel, nouveau départ. En cours de route la conversation reprend, alimentée par les moments précédents. L’impuissance du travailleur social qui doit appliquer des règles si éloignées de la réalité de terrain, freiné dans ce qui est sa fonction par tout ce qui vient renforcer l’absence de moyens. Il n’en reste pas moins le sentiment d’une belle aventure de 5 mois au sein du SAMU.
Changement de décor. Nous sommes attendus dans un secteur résidentiel. Nous sommes dans l’un des nouveaux quartiers des quais du Rhône, grand ensemble pour classes moyennes supérieures, architecture classique des vingt dernières années. Balcons avec verre fumée, entrées sécurisées et espaces extérieurs bien entretenus. Nous suivons une allée latérale qui conduit au bout de l’immeuble. La première personne rencontrée est l’habitante d’un logement en rez-de-jardin qui nous salue avec sourire. Elle sait manifestement pourquoi nous sommes ici.
Son voisin, le sans domicile du jardin arrive déjà. Nous avons encore le temps d’entendre la voisine lui rappeler que la douche lui est ouverte quand il le veut.
Ce moment est celui d’une confrontation paradoxale entre tout ce qui manifeste vie quiète et chaos total. Guillaume, le jeune homme que nous venons voir est une sorte de SDF archétypal. Son aspect physique, l’odeur que la rue imprime, tout en lui l’assigne comme le parfait contraire de son voisinage et rend encore plus fantastique la solidarité dont il est l’objet. Nous avons en effet très vite compris que celle-ci ne se limite pas aux voisins immédiats.
Arrivé près de la voiture, Guillaume ne se livre pas vraiment. Tout au plus la mention de démarches anciennes, non abouties, permet-elle d’imaginer une vie de rue qui ne date pas d’hier. Son histoire lui appartient et il n’a pas envie de l’étaler. Après la soupe bienvenue, nous distribuons les couvertures. Comme il l’explique, la couverture est avant tout un isolant face à la dureté et au froid du sol.
Nous quittons Guillaume, sans abri au milieu des mieux dotés que lui et qui pourtant veillent sur lui.
Sous le pont de la gare Jean Macé il y a toujours autant de tentes. Au cours d’autres maraudes, nous nous sommes arrêtés ici au milieu des isolés et des familles. Je me souviens d’une jeune fille vivant ici et à qui son père venait rendre visite. Vies d’alcool et de galère au milieu des demandeurs d’asile, migrants, hommes et femmes en rupture, dans cet espace cacophonique sous le vacarme des trains qui passent au-dessus des têtes.
Il est déjà 21heures, nous arpentons l’avenue Jean Jaurès à la recherche de l’homme en fauteuil. Á cette heure, la rue est encore animée. De nombreux magasins sont ouverts. A l’entrée du supermarché de proximité, le vigile commence sa nuit. Les bistrots fonctionnent encore, mais le public des terrasses commence à se réduire avec les premières gouttes de pluie.
Celui que nous cherchons n’est pas là. Visite du métro pour vérifier encore. Peut-être a-t-il reculé devant le déplacement prévu vers un centre d’hébergement que nous devions accompagner ? Un nouvel appel nous impose de partir.
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Nous devons retrouver un homme près du pont de chemin de fer sur l’avenue Leclerc. La pluie s’est intensifiée. L’homme qui nous attend termine le chargement de son téléphone sur un boitier électrique, la débrouille dans la rue.
Jérémie peut se considérer comme un intermittent de la rue. Depuis vingt ans, il alterne logement, hébergement et rue. Il y a deux mois, il a vécu une désillusion destructrice. Après une période en CDD, l’évolution en CDI de son poste ne s’est pas faite. C’est la fin du contrat qui est arrivée.
Après, tout est allé très vite : la perte des repères entraîne celle du logement et tout se finit dans la rue.
Ce soir le café a besoin de beaucoup de sucre, même si la bière – « pardon » - n’est pas terminée. Jérémie connait la rue, il en maitrise les usages et en sait les possibilités, tout ce qui permet de survivre dans la galère. Nous n’avons pas de nourriture à partager.
— Ce n’est pas grave. Je vais bien trouver un frérot qui me partagera un kebab. En plus c’est Ramadan.
Après avoir quitté Jérémie, nous nous rendons à la gare de Perrache, elle aussi a fait l’objet de travaux au cours des dernières années. Les passages se sont élargis, mais il y a encore sous le bâtiment un nombre important de tentes où vivent des familles. Nous rejoignons un espace d’attente au premier niveau. Ils sont plusieurs, des habitués de la maraude :
— Ah, ce soir vous êtes accompagnées ! , c’est ainsi qu’ils accueillent ma présence dans cette ambiance musicale piano Bar, spéciale SNCF. C’est un peu bruyant pour penser à « Play it Again, Sam » de Casablanca, mais le plaisir est là.
Ils sont trois, le quatrième n’est pas loin, nous allons redescendre chercher les cafés et un duvet aussi. Sur la passerelle il y a Ricardo et sa trottinette,
— Un café, pour moi aussi ? et il descend nous rejoindre. Cet homme a besoin de parler alors il ne cesse pas. Il y a dix jours, il a été mis à pied de son centre d’hébergement. Il a une couverture qui est totalement mouillée, à tordre, rien à faire en l’absence d’étendage. Il veut bien une soupe, même deux, et un café. Il poursuit sur son souci, cette mise à la porte sans rémission, tout en laissant entrevoir un rendez-vous dans deux jours. Bien que connaissant les difficultés des lieux d’accueil, j’ai toujours un peu de mal à admettre les mises à pied disciplinaires.
Alors que nous écoutons Ricardo, l’un des 4 arrive, il est descendu du passage supérieur où se sont réfugiés ses amis après avoir été délogé par la ferroviaire parce qu’ils n’avaient pas de billets. Il faut nous séparer de Ricardo, les cafés préparés sont en train de refroidir.
Sur la passerelle, l’échange est très serein, ces hommes ont l’habitude d’être contraints à bouger, même s’il ne s’agit que de quelques mètres juste au-delà de l’entrée, mais c’est la règle. Une obligation sans conséquence pour ceux qui la subissent et qui n’apporte aucun changement pour ceux qu’elle est censée servir. Une de ces additions à somme nulle qui caractérise le difficile exercice de l’hospitalité. Les quatre hommes qui sont en cause ne ressemblent en rien à des trublions de l’ordre public. Par l’âge et la dégaine, ils ressemblent plutôt à une quadrette de joueurs de boules qui se retrouverait pour l’apéro. Avec eux nous échangeons sur les lieux interdits ou autorisés à telle ou telle heure. L’expertise des usagers de la rue se manifeste ainsi.
La rencontre suivante est plus compliquée du fait de la langue. Après avoir épuisé les connaissances en italien avec les deux roumains, dont nous pensons qu’au moins l’un est connu de la PASS, c’est le recours au traducteur d’ISM. Je n’avais jusque- là pas eu l’occasion de voir ce service à l’œuvre. Avec lui, il est enfin possible de comprendre une demande par ailleurs difficile à satisfaire : trouver de l’argent pour renouveler un passeport. On peut toujours explorer des pistes mais difficile d’offrir une orientation sûre pour ce qui recouvre un désir de départ vers ailleurs.
Par contre établir pour chacun d’eux un bon pour le vestiaire, c’est possible et c'est bien.
Par le prochain signalement, nous devons conduire une personne à la halte de nuit. On nous dit que l’homme est alcoolisé. Est-ce que cela risque de poser un problème ? Ce n’est jamais exclu. Les éléments d’information sont vagues. C’est un bar qui a donné l’information.
Par mesure de précaution, appel à l’astreinte pour conseil. C’est un moment important celui où il est possible de chercher et d’obtenir conseil face à une situation. La réponse est remarquable, parce qu’elle n’exclut rien sans dramatiser. J’aime beaucoup cette formule :
— Vous devez vous écouter, si vous sentez que ce n’est pas possible, vous ne faites pas. Aucune raison de culpabiliser.
C’est donc munis de ces recommandations que nous allons dans le Vieux Lyon, après la pause.
Il se fait tard, même le Vieux Lyon a perdu ses touristes, les établissements qui débordent la journée sont vides à cette heure tardive. Seule la terrasse d’un café est encore ouverte c’est bien le nôtre ; contrairement à ce que nous pouvions craindre, rien de glauque, ambiance bonne humeur et sourires. Bernard est entouré par le patron du bar et un dernier client habitué.
Certes on s’aperçoit très vite que Bernard éprouve quelques difficultés à tenir debout sur ses jambes. Il a par ailleurs de sérieux problèmes d’élocution qui pourraient conduire à penser qu’il a abusé .. devant lui il n’y a qu’une bouteille de coca. Il n’y a rien qui nous interdirait à le conduire à la halte de nuit où une place lui est réservée.
Bernard nous expliquera ensuite beaucoup de sa vie. Dans la petite enfance un accident de jeu, coma de plusieurs jours, traumatisme crânien, et des séquelles suffisamment graves pour le conduire dans un établissement spécialisé dans le Puy de Dôme, où il fera sa scolarité.
Mais son histoire ne s’arrête pas là. S’il est à la rue depuis quelques mois, c’est suite aux décès de sa femme et de son enfant. Il est question de COVID. Il ya surtout une rupture et ses conséquences graves avec la rue au bout.
Comme la halte a confirmé la disponibilité de la place, nous pouvons y aller. Bernard a déjà eu une place hier et son appel de ce soir a été couronné de succès. C’est rare mais ça arrive !
Bernard est un grand bavard, il peut parler de lui sans complexe, mais il nous questionne autant qu’il se dévoile. Alors on parle de tout, de nos voyages, de nos âges,
— Quelles sont vos passions ? finit-il par demander.
Il évoquera longuement la sienne pour le ping-pong dont il estime avoir un bon niveau.
Nous arrivons à la Halte, au bout du quartier de Gerland, un ensemble de boîtes modèle algéco, dans le quartier de la prostitution. Pour la première fois, je rentre à l’intérieur du centre d’hébergement. Beaucoup plus grand que ce que j’imaginais. Un long couloir blanc éclairé d’un néon central avec comme seule tache de couleur l’extincteur rouge tout au fond. Les chambres s’alignent de part et d’autre. C’est calme, organisé, d’une propreté extrême. Une impression d’être dans un de ces lieux asceptisés que l’on voit dans les films sur la RDA. Mais c’est avant tout un lieu de répit, dans lequel il n’est pas prévu de s’installer durablement.
Il y a à l’entrée un panneau qui rappelle le fonctionnement : MERCI DE : ne pas fumer dans les chambres, ramener votre vaisselle au réfectoire, ne pas sortir les couvertures les oreillers et surtout RESPECTER L’HYGIENE DES CHAMBRES ET SANITAIRES !!!! Le non-respect entrainera un signalement au 115 ainsi qu’une SANCTION !
La nuit est bien avancée. Mes collègues me déposent près de chez moi. Ainsi se termine cette maraude particulière de fin de plan froid.
En commençant à rédiger ces lignes, je me rends compte que nous n’avons rencontré, au cours de cette maraude que des hommes seuls. Certes ils sont particulièrement présents parmi les sans abri, mais la réalité dépasse leur seule présence. Ils ont fait l’objet de tous les signalements de cette nuit mais le rapport hebdomadaire du SAMU nous rappelle qu’au cours de la semaine écoulée 15 familles ont été rencontrées avec 24 enfants dont 2 de moins de 3 ans. Une femme âgée, malade ne parlant pas le français, victime de violences sexuelles dans un dépannage. Malgré le passage aux urgences, la plainte déposée l’a mise en lien avec les associations spécialisées, elle n’a pas obtenu de réponse et erre dans la rue encore. Des couples en galère, au pire moment de détresse sont encore séparés parce que la règle inhumaine le veut ainsi.
La rue est cruelle, les règles qu’on impose à celles et ceux qui doivent s’en contenter en l’absence d’un chez soi le sont aussi.
Fin mars 2024. André Gachet
1 Gilles Deleuze, Felix Guattari. Capitalisme et schizophrénie. Tome 1 L’anti-Oedipe. Edition de minuit. 1972.
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Directeur Général Alynéa - Samu social 69
8 moisMerci encore et toujours pour tes partages de ces moments de vérité
Directeur chez GIP Maison de la veille sociale du Rhône
8 moisMerci