Entre Décadence et Renaissance
Le monde d'aujourd'hui est schizophrène.
D'un côté, les soi-disant "élites" surfent sur une vague nationalisto-souverainiste, en y entendant gronder l'appel des "peuples" pour le retour d'un monde segmenté, hérissé de murs ; de l'autre côté, mes étudiants (ceux de business schools) sont convaincus de vivre dans un monde global, décloisonné, aplati par le clic, ou les murs n'existent que dans l'imaginaire de ceux qui n'évoluent pas et ne s'adaptent pas au changement, comme les dinosaures et les scribes, à leurs époques respectives.
Les uns, passéistes et fatalistes, se complaisent dans le panégyrique d'une identité immuable, ethnique, ancrée dans l'expérience d'hier ; les autres, orientés vers l'avenir, plaident à 90% (leurs copies d'examen en preuve) pour une identité évolutive, sujette à changement, une identité à bâtir par une démarche proactive, dans un univers, ou tout le monde est, instantanément, connecté à tout le monde, tout est lié à tout, et demain sera tout sauf la répétition d'hier.
L'establishment, installé actuellement aux commandes, jongle avec la prophétie auto-réalisatrice de la "Décadence", alors que les Futures Global Decision Makers ne conçoivent que la "Renaissance" comme seule solution de survie.
Ce déchirement générationnel, aux allures de dichotomie biblique entre les anciens et les modernes, affleure uniquement aux tournants de l'Histoire, quand l'Humanité vit un total changement de paradigme civilisationnel. C'est le cas aujourd'hui.
Et vous, lisant mes lignes, sentez-vous décadence ou renaissance ?
Piano et Conception
7 ansC'est imbriqué. J'ai le sentiment que la période de la Renaissance et ses suites se sont achevées lors de la chute du mur de Berlin. Cette période a été marquée par l'idée du progrès, et sa réalisation, jusque dans celle de l'homme nouveau soviétique. Par exemple la grande musique a évolué jusqu'à une avant-garde (Boulez, atonalité, sons complexes etc.), s'étant autopsiée après une longue période fastueuse. A présent elle suit son petit bonhomme de chemin, se figeant comme elle le faisait avant la Renaissance. Cependant la flamme artistique s'est déplacée vers l'interprétation des œuvres, activité oh combien globalisée. Il restera cependant au moins la littérature comme activité ancrée dans la nation plus que la globalisation; ajoutons la gestion des territoires et des forêts comme les Français s'en sont rendu maîtres. Comment définir notre époque? La globalisation numérique a deux effets inattendus et liés: la préservation des forêts et du climat, la diminution de la pollution, liés à la tendance, à long terme, à la réduction des voyages notamment aériens, les conférences ayant vocation à être remplacées par des visioconférences, d'où une relocalisation résultant aussi d'autres échanges commerciaux. Au fond le nouveau monde sera à la fois celui du clic et celui du pâté de maisons (le nouveau moyen âge décrit par Eco). L'idée du progrès, avec tous ses avatars criminels, laisse la place à l'idée d'optimisation, celle du quartier jusqu'à celle de la planète dont on perçoit la caractère fini. Tout ceci demande une analyse plus approfondie et des corrections.
Une question d'éclaircissement pour vous suivre : “les soi-disant "élites" (ou "L'establishment, installé actuellement aux commandes") surfent sur une vague nationalisto-souverainiste“ ? Vous pensez que ceux qui sont aux commandes / au pouvoir sont de cette mouvance ? De quelle "élite" s'agit-il vraiment ? Parlez-vous du cas français ?
Une question d'éclaircissement pour vous suivre : “les soi-disant "élites" (ou "L'establishment, installé actuellement aux commandes") surfent sur une vague nationalisto-souverainiste“ ? Vous pensez que ceux qui sont aux commandes / au pouvoir sont de cette mouvance ? De quelle "élite" s'agit-il vraiment ? Parlez-vous du cas français ?
Conseillère d'administration de l'Intérieur honoraire
7 ansDécadence, c'est une certitude. Renaissance, c'est une probabilité ( et dans un autre registre un espoir ). Il manque incontestablement des passerelles entre ces deux mondes. Car une renaissance n'a de sens que si elle capitalise les apports du passé en les faisant évoluer voire en les transformant. Honnêtement ce n'est pas le sentiment que j'ai lorsque je lis la blogosphère ou même certains commentaires sur LinkedIn qui laissent à penser que le temps des barbares est vraiment arrivé !