ENTRE LE MULHOUSE SQUASH CLUB ET LA RÉUNION, L'HISTOIRE CONTINUE
Crédit photo : Ladies Squash

ENTRE LE MULHOUSE SQUASH CLUB ET LA RÉUNION, L'HISTOIRE CONTINUE

La jeune Kara Lincou représentera le Mulhouse Squash Club cette saison en championnat de France Interclubs, comme son oncle Thierry il y a quelques années. Gros plan sur les liens qui unissent le club Alsacien et le squash Réunionnais.

À MULHOUSE, PLACE À LA RÉUNION

« Les circonstances ont été différentes dans chaque cas, mais j'aime à penser qu'une relation particulière s'est installée avec les joueurs Réunionnais, » confie Thierry Jung, président du Mulhouse Squash Club. « En centre-ville, il y a la place de la Réunion, c'était d'ailleurs là que s'était déroulée la cérémonie d'ouverture du championnat du monde masculin par équipe en 2013. Ce n'est peut-être pas à tout fait un hasard ... » Dans quelques semaines, Kara Lincou sera la quatrième athlète issue de l'île de l'Océan Indien à défendre les couleurs du MSC, après Sébastien Bonmalais (qui entame sa troisième saison au club), Christophe André et bien sûr son oncle Thierry, ancien champion du monde et numéro 1 mondial. « Pour l'anecdote, il avait à peu près le même âge que Kara lorsqu'il est venu pour la première fois à Mulhouse, en 1995, » raconte Thierry Jung en fouillant dans sa boîte à souvenirs. « Le directeur technique national de l'époque, Albert Médina, avait organisé un regroupement avec les meilleurs joueurs français, en vue de la sélection pour les mondiaux par équipe en Égypte. Thierry, qui venait d'être sacré champion de France junior et était seulement n°6 en senior, a gagné tous ses test matches haut la main et ainsi obtenu sa première sélection sous le maillot Tricolore. »

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Un maillot qu'il va porter une dernière fois près de deux décennies plus tard à l'occasion du championnat du monde à … Mulhouse. Après avoir quitté le circuit international un an plus tôt, Thierry Lincou participe activement à l'obtention d'une belle médaille de bronze, devant un Palais des Sports en fusion. « Ses parents avaient séjourné pendant une dizaine de jours au club, et ils avaient fêté avec lui ses dix années passées dans le top 10 mondial, » se remémore le président du MSC. L'histoire ne s'arrête pas là car au cours des trois saisons suivantes, le Réunionnais - qui s'est installé outre-Atlantique avec sa famille - va évoluer sous les couleurs Alsaciennes en championnat de France Interclubs, et les résultats seront au rendez-vous : avec leur « numéro 4 de luxe, » dixit Thierry Jung, les Alsaciens décrochent trois titres consécutifs (dont le dernier à domicile, en 2016), ainsi que deux médailles de bronze en Coupe d'Europe des clubs. Cinq ans plus tard, sa nièce Kara va reprendre le flambeau. Son histoire avec Mulhouse avait pourtant mal commencé, avec un confinement forcé dans une chambre de l'Espace Squash 3000 il y a quelques mois (voir ci-dessous KARA LINCOU PERPÉTUE LA TRADITION). « Néanmoins, cette situation exceptionnelle a créé des liens entre elle et le club, et nous avons des valeurs communes, » explique Thierry Jung. « J'imagine également qu'elle a dû parler avec son oncle, et qu'il n'est pas étranger à sa venue chez nous. Elle sait que Mulhouse sera un point de chute pour elle lors de ses déplacements en Europe, et qu'elle pourra s'entraîner avec Léa Barbeau et Taba Taghavi (NDLR : deux joueuses professionnelles qui travaillent au sein de l'association). La morale de l'histoire, c'est que la crise sanitaire nous a rapprochés, et qu'on a su en retirer quelque chose de positif ! »

KARA LINCOU PERPÉTUE LA TRADITION

L'histoire entre Kara Lincou et Mulhouse avait commencé par un confinement d'une semaine, mais les choses ont ensuite pris une tournure positive : cinq ans après son oncle, la jeune Réunionnaise a rejoint les rangs du MSC. Entretien avec la championne de France -17 ans.

Quand le confinement créé des liens ...

Sacrée championne de France -17 ans à l'automne 2020 (son premier titre national, après de nombreuses places d'honneur), Kara Lincou avait ensuite profité des tournois organisés dans l'hexagone pour faire ses débuts sur le circuit international en février 2021. Après le PSA du Havre, elle se rend directement à Mulhouse pour préparer l'open des Bretzels, qui a lieu quelques jours plus tard. « On était en train de faire un double avec Léa Barbeau, Taba Taghavi et Hannah Chukwu (NDLR : cette jeune joueuse Hongroise, 93ème mondiale, est licenciée au MSC et a effectué plusieurs séjours en Alsace dernièrement), je m'en rappelle très bien car je diffusais en live sur Instagram, » raconte la jeune Réunionnaise. « Alors qu'on était en train de jouer, Thierry Jung arrive et prend Taba à part, pour lui annoncer qu'Hannah a été testée positive à la covid-19, et que nous sommes toutes cas contact. Ensuite, le tournoi a été annulé. D'un côté, ça a été un moment assez dur à vivre, d'autant que j'étais venue exprès de la Réunion pour cette tournée. De l'autre, ça nous a rapprochés Hannah et moi. On est restées toutes les deux confinées dans une chambre séparée pendant une semaine, mais on se parlait par téléphone, ainsi qu'avec Léa et Taba. Je commandais les repas pour elle, et Thierry nous ramenait plein de choses saines à manger. C'est une expérience dont on se souviendra ... »

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Des options pour l'avenir

Une fois revenue sur son île, Kara Lincou continue d'échanger quelques messages avec le président du Mulhouse Squash Club. « De fil en aiguille, il m'a demandé si je voulais jouer pour le club, et si j'ai accepté c'est avant tout parce que j'ai senti une véritable envie que je fasse partie de l'équipe. Ensuite, il y a le fait que mes déplacements seront pris en charge grâce à une aide de la région, puis le côté affectif : mon oncle a joué pour Mulhouse, on en a parlé et il ne m'a dit que de bonnes choses. De plus, on a une équipe jeune, je connais déjà les filles et le club, je serai donc dans une zone de confort. Thierry m'a même proposé que je m'installe à Mulhouse, sachant que je pourrais y poursuivre mes études de STAPS, être hébergée au Centre sportif régional et m'entraîner avec Taba et Léa. Ça fait partie de mes options pour l'avenir, entre autres : j'avais envisagé d'intégrer le pôle France de Créteil en 2021-2022, voire de partir en université Américaine, mais la crise sanitaire a considérablement compliqué les choses. Je vais donc rester un an à la Réunion, et continuer à m'entraîner avec mon père et les garçons du Squash Paradis. Ma mère est contente que je ne parte pas tout de suite (rires) ... »

Une saison en questions

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À partir de maintenant, Mulhouse sera donc le camp de base de Kara Lincou lorsqu'elle se rendra en métropole. Son premier déplacement en 2021-2022 aura lieu fin octobre à l'occasion du championnat de France -19 ans, dont elle sera l'une des principales favorites. Lors d'une interview récemment accordée à la presse Réunionnaise, la jeune fille avait évoqué le championnat du monde junior, et ses espoirs d'obtenir une première sélection en équipe de France. « Le journaliste a axé l'article là-dessus, ça donne l'impression que je m'avance un peu, » rigole-t-elle. « S'ils avaient lieu et que j'étais sélectionnée, ça me permettrait d'enchaîner ces deux compétitions puis la première journée des Interclubs avec Mulhouse. Malheureusement, c'est fort probable qu'ils soient annulés, tout comme la majorité des tournois européens junior. J'aimerais bien faire des tournois PSA, mais c'est compliqué. Il y en a quelques uns en Europe, cependant ils sont très prisés et mon classement n'est pas suffisant pour intégrer les tableaux (NDLR : Kara est actuellement n°241 mondiale). Néanmoins, je suis prête à voyager, par exemple en Afrique du Sud qui n'est pas très loin de la Réunion. Concernant les études, j'ai un statut de sportive de haut niveau qui me permet de manquer les cours, et de toute façon avec la crise sanitaire les visios sont devenues la norme. J'essaie de travailler lorsque je suis en tournoi, même si ce n'est pas facile. Lors du championnat de France -17 ans, je voulais bosser sur mes cours, mais mon père m'en avait empêché (rires), et m'avait dit de mettre mon cerveau à 100 % dans le squash. »

De bons résultats récents

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Kara Lincou a obtenu d'excellents résultats sur des opens nationaux fin août, avec une finale à Antibes et une troisième place à Lille (entre les deux tournois, elle a également participé à un regroupement des meilleurs jeunes Français). « Je suis très contente de ce que j'ai fait sur ces deux compétitions. Par rapport aux filles qui sont en métropole, j'ai moins d'opportunités de jouer devant les entraîneurs nationaux, c'était donc important d'être performante. J'ai gagné tous mes matches contre des Françaises mis à part la demi-finale à Lille contre Marie Stéphan, qui évolue à niveau supérieur. Le point positif est que j'ai été solide physiquement et mentalement, et que j'ai bien tenu les longs échanges. À Antibes, j'ai enchaîné deux matches en cinq jeux en demi-finale et en finale, c'est bon signe ! »

Article de Jérôme Elhaïk

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