[Episode 3] - Cinq plantes médicinales dont vous n'avez probablement jamais entendu parler.
INTRODUCTION
Troisième épisode de la série sur les plantes médicinales méconnues. De quoi vous faire découvrir ces trésors botaniques qui ne sont pas (encore) sur les présentoirs de nos officines européennes mais témoignent cependant d'un potentiel médicinal fascinant, mais encore trop peu exploré. Vous pouvez également retrouver:
LES 5 PLANTES
1. Le Curcuma Noir du Bengale
Le Curcuma (Curcuma longa) est parmi les plantes médicinales les plus utilisées au monde. Mais dans l'Ouest du Bengale, ainsi que dans le Nord-Est de l'Inde, une autre espèce de curcuma est bien plus prisée encore : le Curcuma noir (Curcuma caesia). Considérée comme une plante médicinale d'exception (et donc collectée massivement dans la nature), la plante est désormais considérée comme "en danger critique d'extinction" par les autorités indienne. Une raréfaction qui en fait une plante encore plus précieuse qu'elle ne l'était auparavant.
Contrairement à ce que son nom laisse entendre, le rhizome n'est pas noir mais bleu. Cette coloration s'explique par la présence d'anthocyanines dans la racine. Ce n'est pas la seule spécificité moléculaire de ce Curcuma puisqu'il contient également des alcaloïdes et tanins en quantités significatives (tout en contenant les autres phytonutriments classiques d'un curcuma standard, curcuminoïdes inclus). Enfin, son huile essentielle riche en turmérone aromatique mais également en camphre, en linalol, en eucalyptol, et en bornéol/acétate de bornyle (de quoi faire rêver le plus exigeant des aromathérapeutes).
D'un point de vue moléculaire, le Curcuma noir semble donc mériter sa réputation prestigieuse. Malheureusement, la mise en danger de l'espèce rend l'internationalisation de ses bienfaits, plus que délicate.
2. Le Qafas du Sultanat d'Oman
Si les herboristes européens s'intéressent bien souvent à la Médecine Traditionnelle Chinoise, au Kampo Japonais ou à l'Ayruveda Indien, ils oublient trop souvent la source d'inspiration fascinante qu'est l'Unani tibb, médecine traditionnelle islamique (cette dernière n'est pas sans rappeler les principes de tempéraments d'Hippocrate).
Au cœur du Sultanat d'Oman, on retrouve ainsi une pharmacopée végétale traditionnelle des plus singulières. Parmi ces plantes médicinales, le Qafas (Acridocarpus orientalis) : un arbuste dont les feuilles sont utilisées pour ses propriétés anti-inflammatoires et analgésiques. On sait finalement encore peu de choses sur les phytonutriments en mesure de générer ces bénéfices.
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3. Le Kutki du Népal
Le Kutki (Picrorhiza kurroa) est une petite plante aux fleurs violettes discrètes, qui abondait historiquement dans les montagnes de l'Himalaya. Sa racine est prisée pour ses bienfaits sur la sphère digestive et hépatique.
Il est intéressant de noter que le kutki a gagné en popularité suite à la raréfaction de la gentiane de l'Himalaya (Gentiana kurroo). Cette dernière était si prisée des populations asiatiques, qu'elle en est devenu une espèce en danger critique d'extinction. Certains praticiens se sont alors rabattus sur le kutki, à tel point qu'il en est lui même désormais en danger (bien que moindre) avec une intégration à l'annexe 2 de la convention CITES.
On notera que si le kutki partage nombre de ses phytonutriments avec d'autres gentianes, il se distingue cependant par son abondance en iridoïdes glycosylés de type picrosides. Parmi ceux-ci, le picroside II a été identifié comme l'un des phytonutriments les plus hépatoprotecteurs du monde végétal. Une étude rapporte d'ailleurs sa supériorité dans le domaine par rapport au célèbre extrait de chardon-marie (Silybum marianum). Espérons que ces bienfaits ne mèneront pas cette plante médicinale fascinante dans la même situation précaire que son prédécesseur...
4. La Tayuya d'Amazonie
La Tayuya (Cayaponia tayuya) est une liane à petites courges d'Amazonie, traditionnellement utilisée pour les douleurs articulaires chroniques. Si certains herboristes mettent en avant un hypothétique effet diurétique, les données actuellement disponibles mettent surtout en exergue une activité anti-inflammatoire liée à la présence de cucurbitacines (triterpènes tétracycliques). La plante ne semble pas particulièrement en danger ni difficile à approvisionner mais elle n'a cependant pas encore fait son apparition partout. Est-ce par absence d'efficacité ou par une obstruction règlementaire (l'application du protocol de Nagoya au Brésil n'est pas des plus aisée), je l'ignore mais cette plante illustre néanmoins le fait que toutes les plantes médicinales ne sont pas des fleurs aux couleurs flamboyantes et aux formes surréalistes.
5. Le Bangalala d'Afrique du sud
Le Bangalala (Eriosema kraussianum) est une plante médicinale d'Afrique du sud dont les racines sont traditionnellement utilisées en tant qu'actif aphrodisiaque. Cette plante médicinale contient une catégorie de phytonutriments relativement originale, à savoir des pyrano isoflavones. L'un d'entre eux, la kraussianone-2 serait en partie responsable des bienfaits de la plante dans divers domaine, incluant l'activité aphrodisiaque.
On notera au passage que cette plante n'est qu'une illustration parmi des dizaines d'autres de l'utilisation des plantes médicinales à des fins aphrodisiaques. On ignore si la raison est purement mercantile (tout produit présenté comme aphrodisiaque semble trouver preneur) ou si l'ensemble des ces plantes ont réellement des bienfaits sur cette sphère (certains comme le ginseng coréen présentent en tout cas des résultats préliminaires prometteurs).