La dynamique de l'inclusion scolaire marque t-elle la fin des écoles spécialisées ?

Depuis 2006 et à la faveur de la convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, les systèmes éducatifs dans la plupart des pays sont entrés dans une dynamique de transformation qui part des conditions physiques d’accès aux conditions environnementales en passant par les conditions matérielles et psychologiques; dans le seul but d'accueillir dans les écoles ordinaires, tous les enfants sans distinction aucune liée au handicap. Cette politique inclusive est censée lutter contre les discriminations dont sont victimes les enfants handicapés.

Face à une telle dynamique, une question se pose à savoir : l'ère des écoles spécialisées pour la prise en charge scolaire des personnes handicapées est-elle révolue? Autrement, l'éducation inclusive marque t-elle la fin des écoles spécialisées ?

Dans le contexte togolais et de la plupart des pays africains de l'ouest, l'inclusion scolaire à proprement parler rencontre encore assez de difficultés. Le manque de structures adéquates, l'aménagement physique des écoles, l'environnement social, le matériel pédagogique adapté et la formation pédagogique des enseignants en méthodes inclusives demeurent des problématiques majeures en dépit de la volonté affichée des gouvernants et de l'accompagnement des ONG.

Ceci étant, l'importance des écoles spécialisées demeure capitale d'autant plus qu'elles constituent un vivier de ressources humaines pour la formation pédagogique et le recyclage des enseignants en langue de signes et de l'écriture braille entre autres, qui sont ainsi équipés à accueillir les handicapés dans les structures scolaires ordinaires. De plus, le personnel intervenant dans ces écoles spécialisées ont des compétences avérées dans la confection de matériels pédagogiques adaptés à partir de matériaux locaux et traditionnels. Aussi, suivant le modèle inclusif choisi, ces écoles servent dans certains pays de Classe Transitoire d’Inclusion Scolaire (CTIS) où les enfants handicapés sont initiés pendant deux ans au moins à la langue de signes et à l'écriture braille avant d'être déversés dans les écoles ordinaires.

De ce qui précède, il apparaît sans être affirmatif que l'éducation inclusive ne peut à ce stage se passer des écoles spécialisées dans la majorité des pays africains. Cette conclusion partielle pose une autre problématique qui est celle liée à la capacité de certains pays surtout en Afrique à faire de l'éducation inclusive.

Vos commentaires et avis sur la problématique nous intéressent. Dans l'espoir de vous lire en retour, nous vous souhaitons une bonne réflexion.

NB: Je vous ai mis en photo l'image de l'alphabet des personnes sourdes

K. Edem YOVOGAN, Diplômé en Sciences de l'Éducation et de la Formation, Spécialisé en éducation inclusive.