La hausse des prix du gaz et du CO2 accélère la compétitivité de l’hydrogène vert
L’augmentation des tarifs du gaz et du coût du CO2 pourrait avoir des conséquences inattendues, au-delà de celles évidentes au premier abord. Prenons par exemple le marché de l’hydrogène.
Aujourd’hui, l’hydrogène est quasiment exclusivement produit à partir de gaz ou de charbon gazéifié : c’est l’hydrogène « gris ». Ce procédé émet énormément de CO2 mais domine actuellement le marché mondial grâce à sa compétitivité.
Dans le contexte de crise climatique, la bataille fait rage entre les solutions industrielles permettant de décarboner cette production.
D’un côté, l’hydrogène « bleu » conserve le procédé à partir du gaz naturel et y associe des technologies de capture et de séquestration du CO2. Du fait de sa proximité avec le processus de fabrication actuel, cette alternative émerge, tout du moins sur le papier.
L’hydrogène électrolytique décarboné est le seul mode de production à marquer une véritable rupture industrielle.
De l’autre côté, l’hydrogène électrolytique décarboné, produit à partir de l’électricité décarbonée – on parle de « vert » lorsqu’il est issu d’énergies renouvelables et de « violet » (d’autres disent « jaune » ou « rose ») quand il s’agit de nucléaire – est le seul mode de production à marquer une véritable rupture industrielle.
Son rythme de développement est particulièrement élevé, tirée par des acteurs comme Hynamics et McPhy en France.
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Mais sa compétitivité n’est perçue qu’à un horizon de temps encore lointain, typiquement une vingtaine d’années minimum.
Et si cette transition pouvait aller bien plus vite qu’on ne le pense ?
Revenons en effet à l’augmentation des tarifs du gaz et du coût du CO2 : selon plusieurs calculs, avec les conditions actuelles du marché, l’hydrogène électrolytique décarboné serait aujourd’hui plus compétitif en Europe que l’hydrogène « bleu », voire « gris » !
Alors bien sûr, les niveaux de prix du gaz ne sont probablement pas durables et la compétitivité de la filière électrolytique a encore beaucoup de chemin à faire. Mais ce qui pouvait sembler appartenir à un futur lointain voire utopique, peut finalement parfois croiser notre présent de manière inattendue, au gré des sautes d’humeur du monde réel !
Selon plusieurs calculs, avec les conditions actuelles du marché, l’hydrogène électrolytique décarboné serait aujourd’hui plus compétitif en Europe que l’hydrogène « bleu », voire « gris » !
On se doit donc de célébrer ces signaux faibles en provenance de demain. Un peu lorsque le Royaume-Uni célébrait, il y a quelques années seulement, ces quelques heures d’électricité produite « sans charbon », les premières depuis 1880 !
Et si personne ne peut se targuer de savoir ce que seront les prix du carbone ou du gaz dans les prochaines années, certaines tendances peuvent être anticipées. D’une part, on peut décemment imaginer que les prix du CO2 sont structurellement et durablement orientés à la hausse, poussés par des réglementations ambitieuses en matière de lutte contre le changement climatique. D’autre part, les incertitudes sur l’avenir du marché des énergies fossiles ainsi que les tensions géopolitiques laissent à penser que la volatilité des prix du gaz ne s’essoufflera pas tout de suite. Dans ce contexte, l’hydrogène électrolytique décarboné pourrait tirer son épingle du jeu plus rapidement qu’on ne le pense !