L'affaire des sous-marins doit nous alerter sur les conséquences d'une perte d'influence de la France dans le monde

L'affaire des sous-marins doit nous alerter sur les conséquences d'une perte d'influence de la France dans le monde

La remise en cause de la commande de 12 sous-marins français par les australiens alerte à trois niveaux : diplomatique, géopolitique et économique. A quelques mois des élections présidentielles, ce coup de semonce rappelle, s’il en est besoin, la vulnérabilité de la France et ses effets délétères sur nos grands équilibres.

La première alerte est diplomatique. Elle interroge la réalité du dialogue entre la France et ses alliés officiels. Il apparait que les négociations autour de l’Aukus se soient accélérées au cours du G7 en Cornouailles, sans que la France ait à aucun moment profité d’un aparté avec les australiens – invités au Sommet – et les américains. Une opportunité qui aurait peut-être permis une mise au point voire une renégociation des termes de l’accord. La question reste par conséquent posée de la sidération d’une diplomatie française que l’on espérait mieux avertie et particulièrement mobilisée sur de tels enjeux.

La seconde alerte est géopolitique. Force est de constater – ce qui était prévisible – un déplacement du centre de gravité des enjeux internationaux dans la zone indo-pacifique qui concentre aujourd’hui 60% du PIB mondial. Les sanctions chinoises prononcées en 2020 à l’égard de l’Australie les a clairement positionné dans ce rapport de force. L’affaire des sous-marins n’est bien entendu que le prolongement de cette nouvelle donne géopolitique. Là encore, la question est posée de notre influence réelle, de ses fondements et des alliances par lesquelles la France retrouvera sa place dans une géopolitique nouvelle. Bénéficier de la plus grande zone exclusive maritime du monde sans se donner les moyens d’en tirer partie dénote une perte d’ambition.

Enfin l’alerte est économique. Avec un déficit commercial de 70 milliards d’EUR, des finances publiques dans la zone rouge, des leviers fiscaux saturés et des perspectives de croissance qui restent à démontrer, il y a matière à s’inquiéter ; l’industrie de défense étant notre seul excédent commercial. Dès 2020 un rapport du Sénat pointait la fragilité de notre base industrielle et technologique de défense (BITD) qui représente près de 2% du PIB et dont les effets d’entrainement sur notre potentiel technologique sont majeurs. L’affaire des sous-marins, au-delà de l’impact direct de 31 milliards, interroge une filière nationale dont le rayonnement dépend à la fois de notre propre politique d’investissement mais aussi d’exportations directement corrélées à notre influence dans le monde. Le redressement est urgent …

Nul doute que cette actualité pèsera dans la future campagne présidentielle. Ses différentes composantes, nationales et internationales, démontre à quel point le futur président de la République devra s’en saisir. Fort d’une vision claire des enjeux, réaliste sur les limites européennes liées aux réticences allemandes, il devra faire preuve de détermination et d’autorité, au sein de l’Europe et face aux grandes nations, pour remettre la France dans les écrans-radars du monde nouveau.


DEMANGEAT Jean-Michel

Partner chez AXCEL Partners

3 ans

Il faut s’interroger en effet sur le fait que notre appareil diplomatique n’ait rien vu venir, il faut s’interroger sur la pertinence de rester ds le commandement intégré de l’OTAN, il faut s’interroger sur le silence de nos partenaires européens (5jours pour un communiqué timide de Mme von der Leyen), Albion est perfide, nous l’avions oublié...il faut retrouver notre autonomie stratégique et diplomatique et cesser d’être des vassaux et des supplétifs des États Unis...Obama ns avait humilié en Syrie, Biden nous piétine ...

Gonzague LEQUEUX

Datacenter & IT Management (DCIM & DCMS) Newgeneration-SR

3 ans

La perte de ce contrat doit nous servir de leçon ! Le politique ou la diplomatie est le nerf de la guerre pour ce type de marché. J'ose espérer que la France arrivera à travailler en sous- traitance pour les US à la fabrication de ces sous-marins.

Sandy Perruche

Gestionnaire de données transversales

3 ans

On a besoin des alliances puissantes et résister contre l'antisémitisme. La position de la France est bonne, elle reste une bonne médiatrice des relations internationales, surtout pour les pays en transition. L'Allemagne veut s'imposer et c'est pourquoi il faut augmenter le budget de la défense à 3% du PIB.

Reynald Seznec

Senior Consultant and Advisor

3 ans

Suite… Les USA n’ont aucune envie de voir des SM a long rayon d’action, largement capables de détecter les leurs, sillonner les océans hors de leur contrôle, même quand ils tirent des armes US. On est bien loin du petit 209 bruyant et vite essoufflé… L’Australie aurait changé son besoin, mais il est parfaitement connu que la France est capable de faire des sous-marins d’un rayon d’action disons… quelconque, soit via la propulsion anaérobie, soit bien sûr nucléaire. Il n’y a que 4 pays au monde qui savent le faire en autonomie, et au passage, la Grande Bretagne n’en fait pas partie… Voilà la première racine de la crise. L’autre racine, c’est la Chine, un tout autre autre sujet… Donc, Monsieur le Deputé en matière de lutte sous marine, l’influence de la France s’est largement étendue depuis 30 ans, au lieu de se réduire comme vous dites. Quant à l’influence politique, elle a joué positivement pour faire attribuer le contrat initialement par Canberra, l’implication au plus haut niveau ayant été exemplaire. Mais le SM océanique est un objet de domination aussi critique sinon plus qu’un avion d’armes. Il n’est donc pas étonnant que les USA nous attaquent sur ce sujet avec la même vigueur que le Rafale.

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