LE QUÉBÉC : EN VOIE D’EXTINCTION !
Par François Morency, B. Ph., MBA
Source : iStock Illureh

LE QUÉBÉC : EN VOIE D’EXTINCTION ! Par François Morency, B. Ph., MBA

Les médias rapportent plein de nouvelles concernant les immigrants au Québec. Ils les accusent de tous les maux de notre société, dénoncés par certains politiciens : accaparer les places des garderies subventionnées, provoquer la pénurie de logements, gonfler l’itinérance, causer des pertes d’emplois hautement rémunérés, demander l’assistance sociale… L’essentiel est pourtant oublié. L’incurie de nos gouvernements à développer des solutions pour la simple croissance de notre population. Nous avons accumulé des décennies de problèmes laissés insolubles par l’absence de politiques pour assurer le bien-être de notre population. Notre société québécoise demeure à l’arrêt avec des politiques à court terme : doubler les horaires des infirmières, ignorer l’accréditation des immigrants qualifiés, éviter de dépenser les fonds prévus pour les logements sociaux, restreindre l’accès à nos programmes sociaux, augmenter les frais de scolarité… Tout cela pour maintenir le taux de chômage des nouveaux arrivants — le plus souvent — près du double de la population d’origine.

 Pouvons-nous reconnaître notre véritable situation ? Le taux de natalité du Québec n’est que de 1,49 enfant par femme (Institut de la statistique du Québec, 2022). Pour maintenir notre population — sans aucune augmentation —, nous aurions besoin de 2 enfants par femme. Pour combler ce déficit d’enfants, nous aurions besoin de 2,2 millions d’enfants de plus par année (4,3 millions de femmes X 0,51 enfants par femme). La simple mathématique de ce calcul se discute facilement. La réalité de ce calcul indique — à tout le moins — la direction du non-remplacement significatif de la population de notre belle province. En même temps un autre fait significatif, la population âgée a doublé lors du dernier recensement (2021), représentant maintenant 20,5 % de la population du Québec. De plus, plusieurs milliers de PME ferment leurs portes pour divers motifs : vieillissement des propriétaires, inflations, manques de personnels, endettements durant la pandémie, difficultés d’approvisionnement… Notre économie survit encore, mais pour combien de temps ? Une population en forte décroissance combinée à une économie qui ne supporte plus l’existence des PME (fondement de la majorité de nos emplois) ainsi qu’un vieillissement de notre population active doit se situer au cœur de nos préoccupations politiques. Nous cassons du sucre sur le dos de nos immigrants, une des clés pour résoudre notre drame de décroissance.

 Rien n’est nouveau sous notre hiver. Le chef d’antenne de MABI-TV — vers 2017 — interviewait la ministre de l’Immigration, de la diversité et de l’inclusion, Madame Kathleen Weil, laquelle confiait que le Québec aurait besoin de 100 000 immigrants par année pour combler le manque de main-d’œuvre de notre économie pour la prochaine décennie. Le débat actuel oscille autour des 50 ou 60 000 immigrants pour les prochaines années, soit une perte nette de la moitié pour combler nos besoins en main-d’œuvre. Hormis de parler français, les exigences du Québec demeurent extrêmement élevées en termes d’éducation et de qualification. Nonobstant nos politiques, avons-nous besoin de restreindre autant notre accueil de nouveaux arrivants pour assurer la continuité de notre cher Québec ? Sans migrant nous sommes voués à l’extinction.

 Le dédale des formalités pour devenir résident permanent devient — si lourd de procédures interminables — que de nombreux immigrants informent leurs amis et leurs familles d’éviter le Québec. Il est tellement plus facile de se faire reconnaître et accréditer dans une autre province. Notre réputation de terre d’accueil s’effrite rapidement. Quel changement drastique de notre climat d’accueil ! Les migrants de qualités — de toutes origines — éviteront le piège du Québec. Nos gouvernements n’auront plus besoin de resserrer les critères d’immigration. L’intérêt international pour le Québec peut se tarir très rapidement. Cela prend des années pour constituer une réputation d’accueil. Quelques mois d’intolérance suffisent à détruire cette même réputation. Toronto, Calgary ou Vancouver sont notre compétition pour accueillir les immigrants dont nous avons besoin pour garantir notre pérennité.

 Avon-nous déjà oublié que nombre de nos professionnels sont allés en Europe pour compléter leur formation, à une époque où nos professions balbutiaient ? En retour aujourd’hui, nous exigeons à des médecins, des architectes, des ingénieurs — reconnus de haut niveau en Europe — de refaire une formation universitaire complète pour recevoir notre agrément. Nous pouvons accepter qu’une adaptation soit nécessaire pour favoriser nos standards. Il est vrai que l’ingénierie en Europe coûte moins cher que les matériaux alors qu’ici c’est l’inverse. Pourtant, la Tour Eiffel se maintient solidement ancrée ! La biologie de nos corps québécois serait-elle tellement différente ? Effectivement, les protocoles peuvent varier : certainement pas au point de tout reprendre une formation depuis presque le début. Devons-nous les forcer à conduire un taxi, à laver la vaisselle ou à faire l’entretien ménager (avec tout le respect pour ces importants métiers). Notre gros bon sens imposerait que notre société favorise leur accueil par un encadrement rigoureux, bienveillant et adapté.

 Au lieu de toutes ces positions de droite — souvent extrême — voulant éliminer l’immigration au nom de la protection d’une identité distincte, ne pourrions-nous pas simplement reconnaître nos besoins de croissance ? Le nouveau venu désire s’adapter à sa société d’accueil tout en conservant la richesse de sa culture. Le pâté chinois, le spaghetti et le bagel sont-ils des plats québécois ou migrants ? Nous les avons pourtant inclus dans notre culture au point de les considérer comme des plats de chez nous. À défaut d’assumer une croissance par la natalité et le rajeunissement de notre population, notre économie doit devenir accueillante de ses nouveaux venus fournissant les bras et les cerveaux requis par la croissance de notre économie. Les immigrants sont la force du futur de notre bien-être à tous. C’est pourquoi nous devons régler nos problèmes de santé, de logement, d’itinérance, d’accréditation… Ces problèmes sont le fruit de la négligence de nos gouvernants depuis des décennies. Ce n’est pas le dernier migrant arrivé qui a fait déborder le vase.

 « Nous sommes tous des immigrés, il n’y a que le lieu de naissance qui change. »

Source : Pan Bouyoucas

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