Les préfixes macro et micro : quelles approches conceptuelles en urbanisme ?

L’ « urbanisme », mot polysémique, est défini comme un art, une science voire une technique se rapportant à la ville. L’urbanisme intervient notamment sur deux échelles spatiales hiérarchiques, interdépendantes et distinctes. La première de ces dernières correspond à la ville (ou l’agglomération) en tant qu’unité ; tandis que la deuxième peut être assimilée à un quartier (ou un ensemble de quartiers) en tant que fraction (entité) de la ville.

Ces deux échelles d’intervention de l’urbanisme ont permis de mettre en exergue deux préfixes à savoir : macro et micro. Etymologiquement, les préfixes macro et micro signifient respectivement « grand » et « petit ». Apposé au mot urbanisme, ces deux préfixes laissent entrevoir clairement ces échelles à travers deux vocables : macro-urbanisme et micro-urbanisme. Les approches conceptuelles suivantes abordent de plus près ces nouveaux vocables.

Le macro-urbanisme : de quoi s’agit-il concrètement ?

Le macro-urbanisme se conçoit comme un urbanisme de grande échelle. En outre, cette forme d’urbanisme se distingue par l’étude approfondie des phénomènes (urbanisation, mitage, développement économique, etc.) inhérents à la dynamique de la ville dans son intégralité spatiale et territoriale. Aussi, traite-t-il des thématiques contextuelles dans leur entièreté et complexité en impliquant les dimensions temporelle (contemporaine et prospective), sociale, géographique et politique. Il intègre à cet effet l’urbanisme prévisionnel sans se confondre à celui-ci.

Dans son champ d’application, le macro-urbanisme se retrouve alors à la croisée d’une gamme d’outils de planification urbaine diversifiés aussi bien classiques que modernes, jouissant a priori d’une portée juridique conséquente. Ces outils sont répartis en deux classes de documents : les plans et les schémas. D’un côté, il y a le plan d’urbanisme directeur, le plan d’occupation des sols, le plan local d’urbanisme, etc. Ces documents ont la particularité d’être appliqués uniquement à un territoire urbain donné. Ils peuvent toutefois être extensibles à travers l’intercommunalité (cas du plan local d’urbanisme). D’un autre côté, figurent les documents tels que le schéma directeur (SD) et le schéma de cohérence territoriale (scot). Contrairement à la première classe de documents, ceux-ci ont aujourd’hui, semble-t-il, une vocation intercommunale qui s’inscrit dans une perspective de confortation de la conurbation et des intérêts conjoints des territoires urbains concernés.

En dépit de leur différence hiérarchique, le macro-urbanisme et le micro-urbanisme demeurent étroitement liés. C’est cette corrélation objective que tentent d’exposer les paragraphes suivants.

Quid du micro-urbanisme ?

Le micro-urbanisme se définit comme la branche de l’urbanisme qui se rapporte à une échelle réduite de l’espace urbain. Il convient de rappeler que ce concept a trait notamment au quartier en tant qu’unité administrative ou pôle d’activités. Dans ce contexte, les questions urbaines sont localisées et traitées au détail près selon le cas. Autrement, cette forme d’urbanisme se rattache à l’étude complète des facteurs (en partie) et des impacts liés aux phénomènes sur le tissu urbain (fragmentation urbaine, pratiques foncières, quartiers spontanés, vulnérabilités et résilience, etc.).

Le micro-urbanisme regroupe par ailleurs les outils qui ont pour caractère de rendre opérationnels les documents de planification susmentionnés. C’est ici que la corrélation objective entre le macro-urbanisme et le micro-urbanisme devient effective. Cependant, ce concept n’est pas à confondre à l’urbanisme opérationnel. A cet effet, la pratique de l’urbanisme à cette échelle met en exergue une panoplie d’outils et d’opérations d’aménagement majoritairement classiques. Il s’agit entre autres du plan d’urbanisme de détail, du lotissement, de la restructuration, etc. Ceux-ci sont opposables tant à l’administration qu’aux tiers.