Les premiers pas d'un coach
Dès mes premiers pas dans les cabinets de conseil, j’ai eu l’impression de pénétrer un univers enchanté. Les réceptionnistes polyglottes, au physique de mannequin, avaient une capacité étonnante à se souvenir des visages. Dès que j’entrais, elles m’accueillaient chaleureusement par mon nom et informaient mon contact de mon arrivée. Les bureaux luxueux et les salles de réunion high-tech dégageaient une élégance indéniable. Dans les couloirs, les consultants jeunes et athlétiques impeccablement vêtus de costumes sur mesure échangeaient des idées entre eux tout en transportant de lourds dossiers. Le ton de leur voix reflétait leur profond engagement dans le travail.
Je débarquais avec ma quarantaine, mon obésité et mon allure maladroite même lorsque j’enfilais mon plus beau costume. L’autodépréciation n’était pas loin et pour ne pas y sombrer, je me concentrais sur ma nouvelle mission : aider ces personnes à révolutionner leurs vies personnelles et professionnelles.
Une fois passés le décorum et le ressenti initial, je découvris mes premiers clients. De la même manière que ce sont les enfants qui façonnent leurs parents, ces premiers consultants ont eu un impact déterminant sur ma carrière de coach. Avec chacun d’eux, je découvrais un aspect différent de leur mentalité et de leur univers. Je les sens encore en moi comme s’ils étaient là, présents…
Max : le moulin à paroles :
Suite à son échec aux élections de partner, il doit quitter le cabinet et se trouver une nouvelle voie. Outré, il me bombarde d’arguments qui contestent cette décision. Ses paroles s’enchaînaient si rapidement que j’ai du mal à suivre tout ce qu’il dit. Puis il échafaude méthodiquement une stratégie complexe pour se faire entendre. Très vite je suis dépassé ! Je n’avais pas adapté mon niveau d’écoute à un tel débit. Pour la première fois, je réalise que ces consultants surentraînés ont une vitesse de réflexion supérieure à la normale. Je me mets à ingérer des comprimés de caféine avant chaque nouvelle séance pour stimuler mon activité cérébrale. Puis je m’habitue et le besoin de me doper me quitte.
Max, bien que torturé par ce qui lui arrive, aspire à la paix intérieure. Pour l’aider au mieux, je prépare soigneusement chacune de nos rencontres. Cependant sa vivacité d’esprit nous entraîne toujours dans des directions inattendues. Comprenant l’inutilité de tout planifier, je commence nos sessions par un simple « je t’écoute », avant d’ouvrir grand mon cœur et mes oreilles. Je constate que ça fonctionne bien mieux.
Je découvre alors une autre de mes limites : face à sa détresse, il m’arrive de compatir et de me dire qu’il est dans une position difficile dont il aura du mal à se remettre. Cela semble charitable de ma part, mais je réalise qu’à chaque fois que ce type de pensée me traverse, la séance devient plus lourde et qu’en conséquence il avance moins vite.
Je change donc à nouveau mon point de vue sur la préparation des séances : plutôt que d’anticiper le contenu, je mets mon énergie à l’imaginer épanoui, serein et plein d’entrain pour sa nouvelle vie. Ainsi, quand je le retrouve, je suis porté par une dynamique positive qui me permet d’improviser à tout moment l’appui le plus opportun à lui apporter.
Au bout du compte Max comprend que sa non-élection comme partner n’est pas la fin du monde et que c’est l’occasion de découvrir des opportunités inédites .
Merci, Max, tu m’as appris à cultiver sciemment la foi en ceux que j’accompagne.
Manuel : L’homme (presque) sans émotion :
Son coaching part sur une problématique commune : depuis quelque temps il procrastine et c’est très inhabituel chez lui. Nous explorons son quotidien et à mesure qu’il me livre plus de détails sur ses récentes expériences, il dénonce des manœuvres concertées par des collègues pour lui ravir ses clients les plus importants. Je le vois s’agiter et changer de couleur. Comme je le fais généralement, je lui demande ce qu’il a éprouvé au moment où cela s’est produit. La succession de ses réponses me laisse perplexe :
– Quand cela t’est arrivé, qu’as-tu ressenti ?
– J’ai compris ce qu’ils voulaient faire
– OK, tu as compris ce qu’ils voulaient faire, mais quand tu l’as compris, qu’as-tu ressenti ?
– Je me suis dit qu’il fallait que je me protège
– OK, j’ai bien compris ce que tu t’es dit, mais qu’as-tu ressenti ?
– J’ai vu dans ma tête comme un schéma qui montrait leur plan
– Très bien, mais ça, c’est ce que tu as vu, je t’ai demandé ce que tu avais ressenti ?
– Je te l’ai déjà dit, j’ai compris leur manège
– Oui, mais quelle É-MO-TION as-tu ressentie ?
– Je me suis mis à penser que… etc. Etc.
Avec ma main gauche sous la table, je comptabilise le nombre de fois où je lui demande ce qu’il ressent en ne recevant que des réponses intellectuelles. Ce n’est qu’à la 17e reprise qu’il me répond :
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– Ça m’a mis en colère !
– En colère…
– Oui vraiment en colère !
Il se lève alors de sa chaise et commence à marcher dans tous les sens en haussant la voix. Il m’explique qu’il était hors de lui, qu’il voulait tuer ses collègues. Il s’énerve de plus en plus puis se calme. L’abcès est crevé. L’émotion qui le bloquait s’est dissipée, nous pouvons alors travailler directement sa procrastination qui se révèle facile à guérir.
Merci Manuel tu m’as appris la ténacité pour aider les plus cartésiens à se ré approprier leur sphère émotionnelle.
Julie : celle qui comprend tout
On reproche souvent à Julie de ne pas écouter ses équipes. Lorsque je la confronte à ce sujet, elle me sort une liste d’arguments qu’elle avait préparée :
– Ça prend du temps
– Ça entrave sa propre réflexion
– Ça peut faire partir dans de fausses directions
– Etc.
Je décide de la guider dans la démarche de questionnement que j’explique à la page XXXX et nous abordons sa première objection : ça prend du temps. Elle découvre que l’écoute permet en fait de gagner du temps en éclairant la situation. Elle devient joyeuse en s’ouvrant à cette nouvelle perspective.
Nous continuons à analyser ses autres items avec le même schéma.
Soudain, elle devine par avance mes questions et les anticipe. En deux heures elle a assimilé une démarche qui m’a pris des mois. Elle l’a fait sans dessein ni prétention, juste par vivacité d’esprit. Je me retrouve bloqué. Si elle sait d’avance à quoi s’attendre, ses mécanismes de défense ne lui permettront plus d’évoluer. Je commence donc à mélanger toutes les techniques que je connais. Je passe sans transition de l’acupression à la visualisation, puis je reviens rapidement au questionnement, tout en l’incitant à travailler sur ses sensations physiques, et ainsi de suite. En peu de temps, elle est complètement dépassée ; c’est probablement l’une des premières fois de sa vie que cela lui arrive. Cependant elle progresse ! Ses certitudes rigides sur l’écoute se brisent, et elle goûte à l’abandon de soi, au fait de lâcher prise sans chercher à tout maîtriser ou comprendre.
Merci Julie de m’avoir appris à devenir totalement imprévisible pour libérer ceux que j’ai l’honneur d’aider.
Jenny : l’éternelle insatisfaite
Déception : voilà le mot qui sort constamment de sa bouche. Avant notre rencontre, Jenny en avait ras le bol de ce métier. Dans un premier temps elle a pensé que participer aux bénéfices du CAC40 était la cause de son examen de conscience. Elle a donc demandé à être placée dans une mission pro bono (réalisée gratuitement) pour un organisme de lutte contre la faim dans le monde. À la fin de celle-ci, elle est tout aussi déçue. Ses supérieurs lui conseillent un break pendant lequel elle ne travaillera que sur des problématiques internes tout en suivant un coaching en parallèle.
Nous nous mettons en quête de la véritable cause de sa désillusion. Très vite, elle postule que la brièveté des missions en est la raison. Depuis longtemps elle ne fait qu’enchaîner les projets stratégiques qui durent deux à quatre semaines. Qu’est-ce qui dans ce court délai est source de déception ? Sans aucun doute, elle me dit que c’est le fait de devoir constamment refaire ses preuves.
« Devoir sans cesse refaire ses preuves ».
C’est là que se cache la cause de son mal-être. Jenny appartient au groupe des « insecure averachiever » littérairement : ceux qui sont capables d’exploits extraordinaires, mais ne parviennent pas à s’en satisfaire durablement. Ceux qu’on appelle parfois les « perfectionnistes anxieux ». Après chaque succès, le cycle se répète. Le rythme trépidant du conseil ne fait qu’aggraver cette situation : une à deux fois par mois, Jenny a l’impression de repartir de zéro dans sa vie.
Au fil de nos séances, elle acquiert progressivement les compétences pour cultiver son estime de soi à l’aide d’une boussole intérieure. Elle décide ensuite de quitter cet environnement et découvre la sérénité en tant que manager au sein d’une grande entreprise.
Merci Jenny de m’avoir appris à viser l’estime inconditionnelle de soi de mes coachés même (et surtout) lorsqu’ils sont à la recherche de réussites extérieures.
Merci à tous les quatre. En m’adaptant à chacun, j’ai moi-même grandi. Vos réussites m’apportent un profond sentiment d’accomplissement. Ces expériences furent magiques. Je ne les échangerais pour rien au monde.
Life transformation coach - I help young women boost their self-confidence, feel truly alive, and achieve personal fulfillment in all areas of life.
1 ansMerci Stéphane pour ces quatre témoignages. La position « basse » du coach, d’humilité l’aide à s’adapter, évoluer, progresser au fil des expériences et accompagner avec toujours plus de facilité, de subtilité. Chaque coaching révèle une aventure nouvelle à laquelle le coach est toujours appelé à être « là » et à constamment se renouveler pour offrir la meilleure présence et écoute à la personne qu’il accompagne. C’est passionnant !