Les trois erreurs de communication les plus courantes

L’affaire du Pénélope Gate est un véritable cas d’école d’erreurs de communication. Pendant dix jours, jusqu’à la conférence de presse du lundi 6 février, François Fillon a enchaîné les maladresses les plus basiques, si basiques qu’on se demande comment un personnage public de cette dimension peut encore les commettre. Les trois erreurs les plus courantes sont : la réactivité émotionnelle, les informations erronées, le télescopage entre les "paroles et les actes".

La réactivité : on sait que l’émotion est mauvaise conseillère à de nombreux égards. En communication, elle provoque l’impulsion, le tac au tac. Elle permet à l’orateur de se décharger émotionnellement mais provoque chez l’auditeur le sentiment d’un aveu de faiblesse : ému donc touché. La première prise de parole de François Fillon, après les révélations du Canard Enchaîné, a été de parler de « misogynie » et de justifier le niveau d’éducation de son épouse, supposée avoir été capable de travailler à ses côtés en tant qu'assistante parlementaire. Ce n’était absolument pas le sujet mais c’était, apparemment, la meilleure idée communicationnelle qu’il ait eue. Sa réaction laisse percevoir son désarroi, son impréparation…. Dommage.

Les informations erronées : elles mettent le doute sur l’ensemble des propos émis. Lors de son passage sur TF1 le jeudi 26 janvier, François Fillon annonce de sa propre initiative qu’il a également rémunéré ses enfants avocats, "en raison de leurs compétences" précise le candidat LR. Or, en trois clics sur le web, on peut vérifier que ses enfants n'avaient pas encore prêté serment au moment des faits. Cette distorsion des faits – mensonges ? – entame la crédibilité de tout ce qui est dit ensuite. De plus, l’épisode deux devient obligatoire : re-prendre la parole pour s’en expliquer. Ce qui sera fait lors de la conférence de presse du 6 février où l’on apprend que Marie et Charles Fillon ont aidé leur père, eux aussi comme assistants parlementaires, pendant quelques mois pour chacun d'entre eux. C'est tout à fait légal, mais alors pourquoi avoir tordu les faits ?

La même erreur de communication a été faite au sujet des comptes en banque. François Fillon en annonce d’abord un seul – sur TF1 – qui se transforme dix jours plus tard, lors de sa conférence de presse, par une liste de comptes. La liste n’a rien d’exceptionnel ; la question est : pourquoi a -t-il produit une première version erronée, ou pour le moins imprécise, qu’il a dû ensuite rectifier ?

La troisième erreur de communication commise par François Fillon est celle du télescopage entre l'image et la vraie vie, les "paroles et les actes" pour reprendre l'intitulé d'une émission politique. Autrement dit une contradiction majeure entre l’histoire racontée et les faits tels qu'ils se révèlent. Construire une campagne électorale sur une histoire de « chevalier blanc » probe et intègre, et se retrouver en situation de devoir déminer des révélations qui disent le contraire, est une faute communicationnelle rédhibitoire. Forcément rédhibitoire.

On se souvient qu’au moment de l’affaire Cahuzac, le fait que les soupçons -confirmés en justice par la suite - d’évasion fiscale portaient justement sur le ministre en charge du budget avait augmenté la charge émotionnelle auprès de l’opinion.

Pour résumer : une stratégie de communication se construit toujours en anticipation. Elle permet de déminer les points de fragilité, en partant du principe qu’il y a en a toujours. Elle oblige à construire d'abord le message, puis l’incarnation du message. En collant au plus près de la vérité des faits. Évidemment.

http://www.huffingtonpost.fr/2017/01/27/mes-enfants-etaient-avocats-la-nouvelle-erreur-de-com-de-fra/