Les voeux pieux n'attireront pas les travailleurs expérimentés! On devra en prendre bonne note! (Opinion personnelle)

Aucune personne bien informée ne croit à la pénurie de la main d’oeuvre: du moins, c'est le cas de ceux et de celles qui connaissent à fond la question. Ils sont maintenant des dizaines de milliers sur la planète LinkedIn à dénoncer le « pleurnichage" public incessant dont nous sommes quotidiennement victimes .

 Évidemment, ce n’est pas « tendance" au Québec que de dire et d’écrire que la pénurie est une vue de l’esprit fabriquée de toutes pièces par les employeurs et les recruteurs qui ont refusé d'évoluer. Les journaux, radios, Chambres de commerce et politiciens de tous niveaux ne cessant de vouloir nous convaincre que nous vivons une crise sans précédent au niveau du recrutement de personnel. »Fake news »! Lisez bien ce qui suit. 

On nous dit quotidiennement ,le plus sérieusement du monde ,qu’il manque des bras, que cela nuit à l’économie, fait perdre des contrats mais personne n'ose « gratter le bobo » pour expliquer la « vraie réalité »: celle qui fait mal à entendre et qui est donc cachée sous le tapis de notre univers d’affaires rempli d’immobilisme et de perceptions. Les journalistes et politiciens, qui se croient leaders et ambassadeurs publics des citoyens, tombent alors dans la facilité de l’argumentation et invoquent ainsi n'importe quoi pour justifier ce qui n’existe pas!

Soyons plus précis et surtout soyons francs: la seule crise que nous vivons au Québec en est une d’attractivité de la main d’oeuvre ou plutôt de manque d’attractivité, cette dernière entièrement provoquée par les entreprises et organisations elles-mêmes .Rien d’autre! Que voulez-vous: les « millénariaux » ,qui composeront bientôt 50% de la main d’oeuvre, savent ce qu'ils veulent et surtout ce qu'ils ne veulent pas.Une réalité qui finira par crever les yeux de tous les dirigeants et recruteurs aveugles! Mais la situation actuelle ne fait pas encore assez mal puisque « ça ne bouge pas fort au Québec au niveau de l’évolution des pratiques RH! » Vous aurez pourtant été avertis et sensibilisés depuis longtemps. 

Non seulement les « millénariaux » mais aussi les travailleurs expérimentés et immigrants, vous savez ces derniers qui sont généralement regardés de haut par les patrons et les recruteurs d’une autre époque: essayez maintenant de les attirer avec vos conditions d’emploi d’antan! L'évidence même de 2019: les employeurs et les recruteurs ,qui n'ont pas évolué ( un euphémisme) et qui ne comprennent toujours pas la nouvelle donne en emploi, ont ainsi et eux-mêmes ( je dirais même sciemment) perdu la guerre du recrutement! Et pour longtemps! Une cuisante défaite qui aurait pu être largement évitée! Évoluez un tant soit peu et vous réussirez tout comme le font présentement les entreprises transformées!

Alors, cessons de dire et d’écrire des faussetés: on ne manque donc pas de bras au Québec. Cela est très simple à constater: allez dans les Foires d’emploi du Québec et vous rencontrerez des milliers de bras disponibles.Interrogez les immigrants: plusieurs se plaignent d'avoir été discriminés lors des entrevues.Parlez aux travailleurs expérimentés qui vous diront avoir été boudés par la majorité des recruteurs.Ce sont des faits!

 Mais ajoutez ceci au phénomène (généralisé) de discrimination basée sur l’âge et la provenance géographique: ces mêmes bras disponibles et travaillants n’en veulent même plus de votre offre d’emploi à l’ancienne.Suite au refus des entreprises de les embaucher, plusieurs ont depuis tourné la page, mais pas vous! Vos descriptions de postes de deux pages et plus où vous exigez la lune, le nirvana et plus encore n’attirent plus personne, même ceux et celles dont vous ne vouliez pas!. 

La réalité toute crue: Les jeunes travailleurs, les immigrants et les travailleurs expérimentés ont appris. Ils se tiennent maintenant loin des dirigeants et recruteurs d’une autre époque: prescriptifs et intransigeants. Ils n'en veulent pas de vos horaires rigides, de vos heures supplémentaires obligatoires ,de la pression sur les ventes, de vos exigences démesurées, de vos réunions interminables et, très souvent, de vos sautes d’humeur. Ils n'en veulent plus de votre entreprise non numériquement transformée. Ils n’écoutent plus vos fausses promesses de promotion et votre manque de transparence.Ils veulent être respectés. Voilà qui est pourtant facile à comprendre.  

Oui ils sont exigeants nos « millénariaux » d'ici et d'ailleurs et nos travailleurs expérimentés; plusieurs pourraient même affirmer qu'ils sont gâtés, voire gâteux! Je dirais plutôt qu’ils ne sont plus comme les « yes men » de ma génération et je les admire.Les dirigeants et les recruteurs n’auront d’autre choix que de s’adapter à cette nouvelle "donne" mais, comme professionnel et chercheur de la question, je suis en train de perdre mes illusions à ce sujet. 

Mais un nouveau mirage vient de se pointer à l’horizon. Le gouvernement du Québec, par la voix de son ministre du travail, désire conserver les travailleurs expérimentés sur le marché du travail. Pour ce faire, il met sur pied une large consultation ( plus précisément de la procrastination) afin de sensibiliser ces derniers à demeurer en poste plus longtemps ou à revenir sur le marché du travail.Voilà un geste bien timide de départ!

On offrira probablement des millions de dollars aux entreprises afin de défrayer, pour un an, jusqu’à 50% du salaire d'un conseiller en recrutement dont le but sera essentiellement de faire de la chasse de tête. De la poudre aux yeux puisque, concrètement, on ne règlera pas la cause de la problématique: soit la non attractivité et les méthodes archaïques de gestion RH solidement ancrées , voire indélogeables .

 Que de voeux pieux et je pose donc la question suivante: pourquoi sensibiliser tout le Québec alors que nous le serions déjà? N’en aurions-nous pas déjà assez entendu parler? Mais on le fera essentiellement pour bien paraitre politiquement et gagner du temps que nous n'avons plus.  

 Si la « crise" est si grave qu'on le dit, pourquoi ne pas plutôt poser des gestes immédiats beaucoup plus concrets et dirigés totalement vers les candidats eux mêmes plutôt que de vouloir faire sauver des frais aux entreprises qui ne comprennent pas. Pourquoi alors ne pas offrir aux travailleurs expérimentés, à titre d’exemples, des heures supplémentaires non imposables, un incitatif financier personnel de retour au travail, etc. Au lieu de consulter, de procrastiner et éventuellement de diriger les dollars au mauvais endroit, pourquoi ne pas agir directement au niveau du travailleur lui-même et ainsi l’influencer à revenir sur le marché? Ne sont-ce pas les travailleurs eux-mêmes qui en seraient la cible?

En d'autres termes, puisque ce sont maintenant les candidats qui sont les rois du recrutement, pourquoi ne pas offrir des mesures financières pour les atteindre directement et ainsi outrepasser les comptables des entreprises. De toute façon, il serait fort improbable que ces dernières profiteraient de ces millions en cadeau provenant de nos impôts pour changer leur modèle d’attractivité. Soyons réalistes et je vous le prédis,: elles profiteraient du 50% pour économiser sur la masse salariale globale .Regardons ce qui se passe dans la plupart des PME, les gens de RH, trop peu considérés, sont trop souvent multi tâches et multi départements. Vous connaissez, celui ou celle qui est le "bouche trou » par excellence de l’organisation!

Le constat est clair: je continuerai moi-même de rêver et vous soumettrai donc que le succès réside à deux endroits: 

-La transformation numérique essentielle de l'entreprise ou de l’organisation .

-Les incitatifs de retour sur le marché du travail directement dirigés vers les candidats. 

On peut toujours « rêvasser » car cette volonté politique me semble fort mal articulée :

• Il est improbable que nos dirigeants et recruteurs changent. Après tout, il ne faudrait pas donner la perception que nous sommes dépassés puisque nous avons toujours raison. 
• ll est improbable que les gouvernements redonnent de l’argent aux citoyens dans un contexte où plus vous travaillez, faites de l’argent et plus on ampute proportionnellement votre chèque de paye.

On continuera alors de songer à un réveil mais rien ne changera .Absolument tien! Vous continuerez d’entendre les « fake news » des employeurs, Chambres de Commerce, politiciens et journalistes! Ce sera « tendance », la saveur du jour et la plus belle excuse pour ne pas changer au royaume des complaintes incessantes! 

Chers employeurs et recruteurs, je ne me ferai pas d'amis mais si je vous disais que vous avez couru, courez et continuerai de courir après ce qui vous arrive. Aurez-vous le courage et les arguments pour me démentir?