Osons une régulation collective
( Extrat de l'ouvrage" Le Leadership de <soi, pour <sapoien en quête de sens)
Un autre exercice, que je nomme atelier de régulation ouverte, est très simple et peut se faire au sein d’un groupe professionnel dont les membres se connaissent, d’une équipe avec son manager, d’un comité de direction ou comité exécutif mais aussi en famille, dès lors qu’il y a dans le groupe un régulateur-facilitateur qui adopte une posture de coach. Comme le 360 degrés, cet atelier offre à chacun une photographie à l’instant t de la perception que les autres ont de nous. Le principe est simple. En entreprise, chaque membre de l’équipe, y compris le manager, passe sur ce que je nomme la « chaise chaude » (oui, parce que cela va chauffer pour vous intérieurement, au sens positif du terme !). La personne sur cette fameuse chaise reste silencieuse pendant tout l’exercice, le régulateur-facilitateur y veille. Chacun son tour, les autres participants livrent trois points forts et trois axes d’amélioration concernant la personne sur la chaise. Personne d’autre ne parle. Pas de réponses. Pas de débat. La personne sur la chaise écoute et prend note.
C’est un exercice très puissant que je recommande à toutes les équipes. La première fois, il peut être déstabilisant. Il ne demande aucune préparation, si ce n’est le courage de se jeter à l’eau, une eau parfois frisquette ! Un point de vigilance toutefois : chacun doit mesurer son langage et rester bienveillant, avoir en tête que ce renvoi d’image est un cadeau fait à une personne que nous apprécions pour ce qu’elle est. Ce qu’on nous demande est d’apprécier son attitude et son comportement, et c’est tout, sans porter de jugement. Ainsi, nous évitons l’erreur des parents et des managers qui confondent « être » et « faire ». Un très mauvais manager dit par exemple à l’un de ses collaborateurs : « Pour la nième fois, ton rapport n’est pas acceptable, tu es vraiment nul ! » ou un parent malveillant à sa fille de 10 ans : « Tu as encore oublié ton stylo en classe, ce que tu peux être empotée, ma fille ! ».
Pour en revenir à l’atelier de régulation ouverte, tout s’y déroule en silence, à part pour celui qui a la parole, sans aucun droit de réponse des autres participants. À la fin, la personne sur la chaise peut faire un débriefing ciblé (et non un débat polémique) sur ce qu’elle retient des retours qui lui ont été faits, sur les points forts et les améliorations attendues par son entourage. Si elle le souhaite, elle pourra ensuite décider de se mettre en autocoaching, en se fixant un engagement devant tous. Cet engagement aura un effet très puissant car la personne s’engage devant des tiers et in fine devant elle-même. Dans tous les cas, aucune injonction ne sera tolérée de la part des personnes qui ne jouent que ponctuellement le rôle d’un miroir. Ces renvois d’image ne sont d’ailleurs que les représentations que les uns ont des autres, en fonction de leur propre histoire. Aussi, seule la personne sur la chaise décide elle-même de ce qu’elle a envie d’entretenir, à cet instant t. Parfois, ce n’est pas le « bon » moment pour elle.
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Quand le fruit est mûr, il tombe de l’arbre !
Dicton africain
Pour diverses raisons, quelquefois, nous ne sommes pas prêts à entendre ce qui nous est dit, à recevoir un cadeau. Nous ne sommes pas prêts à nous mettre en chemin, même si nous savons au fond de nous qu’il le faudrait. Même si nous sommes conscients des conséquences négatives du statu quo. Et il n’y a rien à redire à cette posture-là ! Ce n’est tout simplement pas le moment. Et puis, un jour, un déclencheur vient nous faire basculer vers le mouvement. C’est le moment. L’intolérable étant devenu plus fort que la peur du changement, nous décidons de nous mettre en action. Nous disons « Ça suffit ! Je me prends en main, j’avance ! »
Un point capital toutefois devra être examiné. Nous avons vu que notre environnement nous envoie directement ou indirectement des attentes vis-à-vis de nous. C’est positif dans le sens où cela nous donne un éclairage en miroir sur ce que nous devons travailler mais cela ne doit pas étouffer nos propres envies, celles que nous aimerions aussi pouvoir mettre en œuvre. Il restera à faire le lien avec ces besoins personnels et à tenter une négociation entre nous et moi, entre les différentes parties prenantes de notre entourage, les attentes des autres et les nôtres, pour être au clair avec nous-mêmes et connaître nos priorités du moment.