WAGNER et qualité des critiques
Le célèbre artiste musicien, Richard Wagner (1813-1883), distingue trois catégories de critiques en fonction des personnes qui les émettent. Selon lui, « trois sortes de personnes s’occupent de moi : celles qui connaissent ma musique, et qui sont rares ; celles qui ne la connaissent pas et qui l’aiment ; et celles qui la détestent sans la connaître. »
- Docteur CABANÈS, Grands névropathes. Malades immortels, Albin Michel, 1953, p. 325
Richard Wagner, a fait l’objet à la fois d’admiration, de diatribe virulente et de réquisitoire acerbe. Notons que les critiques les plus violentes qui l’ont visé sont attribuées à ses compatriotes allemands lesquels n’ont pas été tendres à son égard.
Dès lors, la question qu’il convient de se poser se résume en ces termes : s’agit-il des critiques bien fondées ? Relèvent-elles de la bonne ou mauvaise foi ? Sont-elles motivées par des raisons objectives ou fallacieuses ? S’agit-il d’une saine tendance à l’exigence, à la rigueur ? Ou s’agit-il d’une manie malsaine relevant de la jalousie, de la caricature ou des goûts véreux et prosaïques ?
Par exemple, un aliéniste allemand affirme ceci : « Wagner est un excentrique, Wagner est un malade ; il porte en lui le germe morbide de l’excitation cérébrale musicale, ».
- Docteur CABANÈS, Grands névropathes. Malades immortels, Albin Michel, 1953, p. 326
Dans ce sillage, J. Grand-Carteret considère Wagner comme « un excentrique atteint de la manie des grandeurs… » (cf. J. Grand-Carteret, Wagner en caricatures)
Même Nietzsche, qui a commencé par être un grand admirateur de Wagner, le critique en ces termes : « Le génie le plus malappris du monde…l’artiste de la décadence…le Cagliostro de la modernité ».
- Docteur CABANÈS, Grands névropathes. Malades immortels, Albin Michel, 1953, p. 329
Selon le docteur Max Nordau, « Richard Wagner est chargé, à lui seul, d’une plus grande quantité de dégénérescence que tous les dégénérés ensemble que nous avons vus jusqu’ici, »
- Docteur CABANÈS, Grands névropathes. Malades immortels, idem
Dans leur excès, certaines critiques à l’égard de Wagner vont jusqu’à lui nier sa faculté d’être un homme au point de le réduire à une maladie. Cette perception excessive voire puriste et puritaine à propos de Wagner se traduit en ces termes : « Il rend malade tout ce qu’il touche… Son art lui-même est malade… Les problèmes qu’il porte à la scène : purs problèmes d’hystérie ; la convulsivité de son tempérament, sa sensibilité irritée, son goût qui réclamait toujours des saveurs plus pimentées, son instabilité…et, par-dessus tout, le choix de ses héros et de ses héroïnes – une galerie de malades ! – tout cela réuni forme un tableau pathologique, permet de conclure nettement : Wagner est une névrose. »
- Docteur CABANÈS, Grands névropathes. Malades immortels, Albin Michel, 1953, p. 330
« Longtemps encore, sans doute, Wagner sera contesté, mais tout esprit de bonne foi devra reconnaître qu’il a occupé et qu’il gardera une des plus grandes places, non seulement dans l’art allemand, mais nous ne craignons pas de dire dans l’art européen de tous les temps. »
- Docteur CABANÈS, Grands névropathes. Malades immortels, Albin Michel, 1953, p. 376