Coronavirus : la résurgence de l’homme fragile ou celle de l’homme vulnérable ?
Une fleur en plein désert

Coronavirus : la résurgence de l’homme fragile ou celle de l’homme vulnérable ?

Personne ne sait vraiment d’où il arrive et comment il est né : sa mère venait probablement de la chauve-souris, son père peut être du pangolin et sa naissance aurait eu lieu dans une grotte chinoise. Rien ne semblait le prédestiner à devenir le sujet de conversation N° 1 dans le monde quelques mois plus tard. Une star mondiale mettant sous l’éteignoir Messi, Hamilton et Neymar en l’espace de trois semaines. Le seul organisme qui a aussi fait plier Donald TRUMP en l‘obligeant à faire demi-tour sur l’autoroute de ses idées dogmatiques et de ses provocations. Excusez du peu ! Et ce ne sont que quelques exemples sur une liste bien plus longue.

Dire qu’il y a quelques semaines alors qu’il rodait déjà, la terre entière se souhaitait bonne année et bonne santé pour 2020, incroyable ! C’était sans compter donc sur ce formidable basculement du monde, révélant brutalement pour certains la fragilité de l’être humain. Particulièrement ceux qui n’ont rien vu venir et qui commencent aujourd’hui à aboyer sur l’irresponsabilité des dirigeants, l’impréparation des hôpitaux, l’incapacité de l’Europe, etc. Messieurs, Mesdames les devins de la 25ème heure, les visionnaires de pacotille qui nourrissent les « on refait le match », les « Je vous l’avais bien dit », merci de passer votre route. Ces justifications et agitations a posteriori n’aident personne, elles ne sont que le témoignage de votre ego surdimensionné et de vos peurs personnelles. Car oui, vous aviez oublié que l’être humain était vulnérable ! Vous, nous, moi, nous tous, nous sommes vulnérables. Certains semblent le découvrir, aveuglés par une course effrénée depuis tant d’années, oublieux de l’humain et de l’humilité. Notre finitude est génétique. Le transhumanisme n’est que le fruit de l’imagination des nouveaux technoprophètes.

Pour certains nous serions fragiles, biais de négativité voyant le verre à moitié vide, ce qui résumerait l’homme à ses faiblesses. Avouer ses faiblesses sans visualiser ses forces, c’est vivre dans le passé, dans le regret, dans la peur de notre incapacité, probablement le remords de ne pas avoir su les annihiler à temps. Et comment se considérer comme fragile en France avec des hôpitaux et des soignants aussi performants, une protection sociale aussi élevée, des entreprises pharmaceutiques de haut niveau, une recherche scientifique de pointe, des capacités à se nourrir hors normes grâce à une autonomie agricole et des connections internet et téléphonie aussi développées ? D’autres n’ont pas cette chance : les Indiens, les Africains d’Afrique centrale et de l’Est et hélas bien d’autres peuples en Asie ou en Amérique du Sud. Oui, eux, ils sont fragiles, extrêmement fragiles ! Notre fragilité française voire occidentale, repose en fait sur notre incapacité à vivre dans l’incertitude, figés dans notre routine sécurisante, engoncés dans nos rituels de vie sclérosants. Car ce qui est rigide casse. Alors que celui qui sait s’adapter, malléable et souple, a justement le don de l’antifragilité, magnifique concept de Nassim Nicholas TALEB.

Ainsi cette catastrophe sanitaire a l’immense bénéfice de nous permettre de prendre (ou de reprendre) conscience de notre vulnérabilité. Celle-ci nous ancre dans le présent, dans l’ici et maintenant, dans l’acceptation et dans la conscience d’être. Obligeant la planète entière à un arrêt sur image, elle nous oblige à savoir faire face au changement imprévu, à faire l’inventaire de nos forces, à lâcher du lest et prendre de la hauteur comme le rappelle si justement l’aéronaute Bertrand PICCARD. Elle nous fait voir le monde en 3D et non plus comme un simple plan horizontal dans lequel notre quotidien court au ras des pâquerettes. Cette vulnérabilité nous pousse à l’émerveillement de la simplicité, celui du soleil levant en plein hiver ou de la fleur épanouie en plein désert. Son ressenti qui s’accroît dans les épreuves, nous élève dans les hauts des pyramides, dans la spiritualité. L'antifragile se renforce et grandit dans les chocs, se bonifie dans la fluctuation et l’incertitude, dans la compréhension intime de sa vulnérabilité. Le fragile est de pessimisme et de peur, le vulnérable est d’optimisme et d’action. Il est bien dommage d’avoir été obligé de combattre ce virus pour s’en apercevoir ou s’en souvenir. Comme quoi à toute chose, malheur est bon.

 Et bien sûr, vivement le retour de Messi, Neymar et Hamilton ! Vivement les embrassades, les accolades et les bières entre amis, les réunions de famille retrouvée, les concerts de 50 000 personnes. Les vulnérables hypermnésiques sauront en profiter encore davantage !

Patrice LONGOUR

Dr Vétérinaire Fondateur de La Réserve des Monts d'Azur

4 ans

Quel dommage que nous soyons si loin...Tout mon respect et mon affection

Céline Dancer

Maire de Chassagne-Montrachet

4 ans

Sachons être vulnérables. Merci pour ce juste et joli texte Pierre

Nathalie Violy

ID'aktrice et Entrepreneuse heureuse

4 ans

Je retiens... "Le fragile est de pessimisme et de peur, le vulnérable est d’optimisme et d’action." Merci Pierre ! :-)

Patrice Pierre

Retraité à compter du 01/10/2024

4 ans

Excellente analyse Pierre. Un plaisir à lire tant c’est juste et très bien écrit.

aymeric benard

créateur, co-gerant chez Clinique des Vallées

4 ans

Rappel soudain à une humilité souvent mise au placard...

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