J'accuse

Ainsi donc, la sécurité routière en Belgique serait une priorité. Et pour défendre cette noble cause, les autorités compétentes ont mis le paquet et ne reculent devant aucune dépense, aucun effort. Jugez plutôt : multiplication des radars de tout type, des zones “30” et “50”, des ronds-points parfois très étriqués et souvent flanqués de bordures agressives (fatales ?) pour les jantes, des ralentisseurs en tout genre (non normés et destructeurs pour les suspensions) sans parler des autres aménagements comme des bacs à fleurs ou des obstacles non signalés ayant pour fonction d’établir une chicane destinée à casser la vitesse. Dans cet arsenal de mesures, juste un détail a été négligé, ou plutôt oublié : l’état de délabrement total du réseau routier, que ce soit autoroutes (!), routes principales ou secondaires, bref partout ou presque. Lamentable pour la bonne santé des véhicules, scandaleux pour les automobilistes, criminel pour les motards. Et qui a une conséquence inattendue. Alors que l’achat d’un SUV est fortement déconseillé par les responsables de la sécurité pour un ensemble de bonnes raisons, il devrait plutôt être rendu obligatoire pour s’aventurer désormais sur les routes du royaume : vu leur état, ce serait non seulement logique mais une sage recommandation. Au-delà de la recherche des responsabilités, la question qui se pose est de savoir quand ce réseau routier sera remis en état, s'il l'est un jour. Car il y a urgence à le faire, et les priorités accordées à la sécurité sont clairement à revoir. Quant à l’hypocrisie consistant à placer un panneau “route dégradée” sur un terrain miné qui ressemble parfois à une zone de guerre (voir photo), comme pour se dédouaner d’une situation indéfendable, le mieux est, à défaut d’en rire, de ne pas en parler.