La tête au service des jambes...
C'est en découvrant un bel article dans le journal "l'équipe" que j'ai compris ce qu'il se passe en moi chaque jour depuis plusieurs années déjà.
Dans cet article, on nous explique comment le système néo-zélandais de rugby (les fameux "All Blacks") encourage ses joueurs, parmi les meilleurs du monde, au développement personnel. Pas uniquement une belle déclaration, non ! Mais un véritable système et du personnel engagé sous le nom de PDM (Personal Development Managers) pour encourager les joueurs à comprendre leur vie et leurs inspirations bien au delà du terrain. Au final, certains peuvent ainsi échanger avec ces spécialistes au sujet des nombreux enjeux qui impactent leur vie sportive mais surtout beaucoup peuvent suivre de véritables formations et finir diplômés d'écoles supérieures.
"Des analyses ont démontré les effets positifs de s'ouvrir à d'autres univers", "Si on ne cultive pas en soi autre chose que sa capacité à passer le ballon, on est en danger". Ces deux phrases de Victoria Hood, PDM au sein des "All Blacks" finissent d'illustrer le propos de cet article et ont surtout exprimé un sentiment ancré dans ma tête depuis des années.
Plus jeune, je ne mentirais pas en disant que je "vivais Basket". Ce sport est tout pour moi. Je suis devenu professionnel dès mes 19 ans et il était TOUT mon univers jusqu'à mes 25/26 ans. Chaque victoire me plaçant sur mon petit nuage pendant une semaine, et chaque défaite semant un énorme doute au fond de moi. Avec ces oeillères limitant mon propre monde à ce qu'il se passait sur mon terrain de jeu, je ne voyais rien d'autre. Et si j'avais eu un PDM à ce moment?
Si j'avais eu un PDM dès mon début de carrière, j'aurais compris plus vite l'erreur MAJEURE que nous faisons, nous sportifs, de nous identifier uniquement à notre discipline et à nos performances.
Ce que je vis aujourd'hui grâce aux nombreux projets universitaires et personnels que j'ai pu suivre ces derniers temps, c'est cette LIBERTÉ. J'ai ce sentiment que cette prise de recul m'est bénéfique dans ma vie en tant qu'homme mais aussi en tant que sportif. Moins bas dans les moments difficiles, moins haut dans les grandes victoires, je ne subis plus la pression comme je la subissais quand mon monde n'était que mon sport.
"Edouard, tu n'es plus motivé par le Basket?". Voilà le DANGER. Ces personnes, parfois proches, parfois moins, qui analysent cette prise de recul, ces études, ces projets ou ces multiples lectures à un manque de motivation ou une perte d'envie. NON, je n'ai pas moins envie, et OUI je suis toujours aussi souvent à la salle qu'avant. J'en profite juste mieux parce que je sais que derrière mon ballon, le monde qui s'ouvre à moi est pleins de défis et ne me fais pas peur.
Alors je lis, je m'instruis et j'essaye de grandir comme si je découvrais un monde que j'avais oublié pendant tout ce temps. Je vais donc continuer et j'encouragerai n'importe quel sportif aussi jeune qu'il soit à s'ouvrir à son monde comme peuvent le faire les "All Blacks". Notre tête servira toujours nos jambes et j'aurais aimé que le "moi" de 19 ans puisse lire ces quelques lignes pour réussir à se sentir libre, plus tôt.
Strategy & Operations, Senior Director at Giants of Africa (GOA)
5 ansTriste réalite du système sportif en France qui ne porte pas assez d'attention sur le développement personnel des athlètes...par manque de ressources ou différence de mentalité/priorités. Très beau témoignage en tout cas qui je l'espère inspirera d'autres joueurs.
Consultant en agronomie et accompagnement des transitions territoriales (Agriculture Alimentation Environnement Energie)
5 ansMerci. Effectivement très beau message à tous les jeunes sportifs. au plaisir de vous retrouver à la halle Carpentier en mars.
Directeur/fondateur de l'association Néohéros, Conférencier, Consultant Rugby
5 ansChapeau pour ce post ! Tout est dit former des femmes et des hommes tout en formant des sportives et sportifs pour éviter le formatage. Merci
Engineering et suivi de projets sportifs, associatifs, sociaux et d’insertion. Mon expertise à votre service.
5 ansArthur Leblond