Le CPF est ruiné (et ruineux) : il n'est pas provisionné et ses plafonds seront dépassés dès 2023
La réduction drastique du CPF après 7 petites années d'existence : deux raisons financières soigneusement cachées
Si chacun connaît désormais les arguments officiels du ministère du travail pour torpiller ce qu'il avait lui-même élaboré il y a 4 ans ("la liberté de choisir son avenir professionnel") il y a en fait des raisons objectives et massives (soigneusement dissimulées) qui pousse les Pouvoirs Publics à limiter drastiquement la montée en charge du CPF, ces raison tiennent au plafond de 5 000 € du CPF et à son absence de provisionnement (comme de financement suffisant).
En effet en 2004 les partenaires sociaux (qui étaient capables alors de réflexions et de responsabilisation) avaient voulu éviter le travers d'un compte formation capitalisable mais jamais utilisé, un peu comme un livret de caisse d'épargne que chacun se contenterait d'admirer, de se rassurer sans utilisation quelconque tout au long de sa carrière.
Pour éviter donc cette vaine capitalisation d'heures (ou d'euros) de formation sans utilisation les rédacteurs des ANI et des textes de loi instaurèrent un plafond d'heures (et désormais d'euros) de formation.
Le Plafond des 5 000 € de CPF sera atteint dès 2023 pour au moins 10 millions de salariés du privé (50% d'entre eux) du fait de la récupération (incomplète malheureusement) des heures de DIF (1 800 € en principe), des 375 € de CPF durant 4 ans de 2015 à 2018 + 500 € en 2019 + 500 € en 2020 + 500 € en 2021 + 500 € pour 2022.
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Le total donc pour un salarié présent depuis 2009 (ou avant) et qui aura reporté ses heures de DIF dépasse le plafond de 5 000 € (5 300 € exactement).
Le plafond de 5 000 € sera atteint pour beaucoup l'an prochain et même si 10 % de ces mêmes salariés plafonnés liquidaient leurs droits à la formation l'Etat (et France Compétences) devraient trouver 5 000 € * 1 000 000 soit 5 milliards d'€ pour financer les remises à niveau ou les reconversions d'1 million de travailleurs (soit 5 % d'entre eux).
C'est impossible aujourd'hui tant le budget de France compétences est en tension et donc l'Etat discrètement (et il n'y aura pas de manif comme pour la réforme des retraites) va limiter drastiquement le nombre de bénéficiaires du CPF en 2023 (stricte limitation des formations éligibles, des OF réalisateurs, inscription complexe et aléatoire sur https://lidentitenumerique.laposte.fr/https://lidentitenumerique.laposte.fr/, et enfin ticket modérateur de 20 à 30 % du prix de la formation (avec sans doute une limite à 500 ou 1000 € de reste à charge).
2. La seconde raison qui pousse les Pouvoirs Publics à restreindre le CPF est son absence de provisionnement
Si très "généreusement" Muriel Pénicaud a prétendu doter chaque travailleur du secteur privé de 500 € de CPF chaque année, cet argent (presque 10 milliards/an) n'a jamais été collecté ni même provisionné. En trois années (2019, 2020, 2021, 2022) près de 40 milliards d'euros auraient dû être collectés, mis de côté pour former les salariés. Le problème c'est que face à cette quasi-dette formation les pouvoirs Publics ont instauré une mini-cotisation (qui arrangeait bien le Medef) de 0,2% de la masse salariale (et seulement pour les entreprises de plus de 10 salariés).
Au total sur les 4 dernières années les cotisations employeurs ont donc représenté 3,6 milliards (900 millions par an) pour 40 milliards de droits à la formation capitalisés. Sans tickets modérateur les salariés pourraient se rendre compte qu'ils ne sont en rien titulaire d'un CPF de 5000 € mais d'une vague promesse faite à 3 % d'entre eux de pouvoir se former (et encore après bien des vicissitudes)
Le CPF tel qu'il fut imaginé (et promu) en 2014-2018 est condamné à disparaître sous peu