Les chroniques de Guillermo 12 [#DevPerso] : The game (jeux de pouvoir)
Et si vous pouviez trouver ici, une déferlante de conseils, de trucs et d’astuces pour améliorer la qualité de votre communication interpersonnelle avec tout le monde ? C'est à partir du moment où votre activité va avoir des répercussions sur votre vie privée que vous allez vous sentir concerné(e) par ce qui suit.
Globalement, "Entreprendre (sans saborder) sa vie de couple", c'est du développement personnel au service des histoires de Ken, de Barbie et de Stacy ! De prime abord, le livre parle donc d’un(e) entrepreneur(e) dans sa vie privée et dans son couple. Mais il se pourrait bien qu’il s’adresse à vous aussi cher lecteur, même si vous n'êtes pas entrepreneur ! Ma coauteure et moi-même, ne pouvions considérer cet écrit qu’à partir du moment où les concepts qui y sont développés sont réplicables, duplicables, évolutifs, flexibles et adaptables.
Globalement, l’ouvrage parle des interactions qu’un homme et une femme entretiennent et peuvent développer. Nous prenons le soin de dresser un profil comportemental de chacun des deux genres et d’attribuer le statut d’entrepreneur(e) aux deux sexes.
Nous commençons donc peut-être notre ouvrage par l'approche du genre mais nous la faisons rapidement évoluer pour pointer la responsabilité des jeux psychologiques dans l'érosion des relations et l'émergence des conflits.
Tous les couples peuvent ainsi y trouver leur compte. Mais pas que ! Là encore, vous trouverez pas mal de petits réglages à appliquer dans votre communication avec vos associés, vos salariés, vos clients et vos fournisseurs. Car, au-delà du couple, nous parlons bien de tous les types d’interactions que vous pouvez avoir.
Et si nous passions un peu de temps ensemble ?
Si nous commençons par développer notre approche par la différentiation homme/femme, si chère à la Séduction en tant que discipline, nous la faisons rapidement évoluer vers l’utilisation des jeux psychologiques comme seul recours à la stimulation des interactions. Parce que les êtres humains ont besoin de stimulations, de signes de reconnaissances. C’est ce que l’on nomme « les strokes » en analyse transactionnelle (AT). C’est un besoin vital. Sans ces strokes échangés pour structurer le temps, l’être humain se replie sur lui-même jusqu’à entrer dans un état végétatif.
Il y a plusieurs façons de passer du temps ensemble. On dénombre :
- Les rituels qui ne durent que quelques secondes, pour dire bonjour, demander son chemin, donner l’heure ;
- Les pastimes, maladroitement traduits par passe-temps en français, pour échanger des informations sans réelle valeur ajoutée. En bref, du bavardage automatique à la machine à café ;
- Les activités, pour cuisiner, faire du bricolage, regarder un film, préparer un projet, un business plan, participer à une soirée réseau… bref tout ce qui peut être orienté dans un but précis mais sans que le contact soit nécessairement franc, sincère, authentique et spontané ;
- Les moments d’intimité, qui demandent de se mettre à nu, de se dévoiler. C’est ici que la sincérité, la spontanéité et la franchise sont nécessaires. Cela peut aller du Hug au threesome ( J ), mais cela peut tout à fait relever de la discussion à bâton rompus avec un vieux pote de trente ans. Par contre, cette façon de structurer son temps est très coûteuse en énergie émotionnelle et cela peut aussi faire peur.
Pour se protéger, l’être humain a mis en place :
- Les moments de retrait, afin qu’il se recentre, qu’il reprenne un peu d’énergie. Ce sont les moments passés dans la salle de bain, aux toilettes, dans la salle de gym, etc. Des moments à passer en solitaire pour se revitaliser ;
- Et les jeux psychologiques pour sortir des activités qui souvent emmerdent ET pour éviter de rentrer dans les moments d’intimités qui demandent donc un investissement émotionnel trop lourd. Puisque c’est vital pour lui, à défaut de recevoir des strokes positifs (littéralement des caresses), il préférera mieux recevoir des strokes négatifs (littéralement des « coups ») que pas de stimulations du tout.
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Arrêtons de jouer
Et ce sont de ces derniers dont nous allons parler ici. Les jeux psychologiques sont énergivores et loin d’être indolores. Eric BERNE, père de l’analyse transactionnelle, en a repéré une cinquantaine avec une multitude de variantes dont le bénéfice est négatif et une toute petite poignée dont le bénéfice est positif. Comme Eric BERNE a voulu rendre accessible à tous la psychologie, qu’il vulgarise au passage, il a nommé ces jeux par des expressions de la vie courante. Ainsi jouons-nous à « Le mien est mieux que le tien », à « Regarde ce que tu m’as fait faire », à « Ereinté(e) » (se rapporte à la charge mentale), à « pourquoi est-ce que vous ne… ? – Oui mais. » etc… Dans notre livre nous en détaillons vingt-quatre en mettant en scène Ken et Barbie afin que cela soit plus léger et véritablement fun.
Ce sujet a été l'objet de la conférence que j'ai pu donner au digital RH le 18 octobre 2017 : Les jeux psychologiques peuvent avoir une incidence sur l'image de marque de votre entreprise ainsi que sur votre productivité !
Près de 100% de la population mondiale s’y adonne à divers degrés. Cela va de la petite pique sans conséquence avec un arrière-goût bien ferreux en bouche au premier degré, au gros pétage de plombs avec éclaboussures qui tâchent, dont on se sert pour alimenter la colonne des faits divers, au troisième degré. Dans votre business, avec vos associés ou vos salariés, vous avez donc peut-être joué à « Mes compétences sont meilleures que les tiennes », avec vos collègues à « Mon IPhone est meilleur que ton Samsung », avec vos clients ou fournisseurs à « Ma solution CRM/ERP/GED est meilleure que celle que vous utilisez ». Un licenciement, un prud’homme, une exclusion d’associés, etc. ne seront bien souvent qu’un empilement de jeux psychologiques dont certains ne seront que des variantes de la « Jambe de bois » : « Mais qu’espériez-vous de moi, qui suis si dérangé(e) / incompétent(e) / mal en point ? » car ici, il s’agit de plaider l’irresponsabilité. « Qu’espériez-vous de moi face à la crise que nous venons de traverser ? ».
Tous ces jeux s’insèrent dans ce que l’on nomme le triangle dramatique (ou triangle de KARPMAN). Il met en scène trois rôles dont l’attribution change au gré de l’histoire à raconter : le/la persécuté(e) (ou victime) devient parfois le/la persécuteur/ice (ou le bourreau) du sauveteur à qui on n’avait pas demandé d’intervenir. On joue systématiquement au moins à deux, voire plus. Si nous jouons la plupart du temps avec d’autres personnes, nous jouons aussi avec des systèmes, des organisations, le gouvernement – qui avant d’être élu apparaît comme le sauveteur et qui après, expose le côté obscur de sa future persécution.
Un des seuls moyens de sortir de ces jeux est déjà de prendre conscience qu’on y participe puis de décider d’être créateur de son changement. En gros, quelle est la décision qui nous permet d’abandonner notre rôle de victime, de bourreau ou de sauveteur et de rentrer dans un moment d’intimité avec son partenaire ?
Et Barbie dans tout ça ?
Barbie, rencontrée dernièrement à une séance de dédicaces, s’est aperçu qu’elle jouait à « Sans lui » avec son associé. Leur relation s’étiolait et cela ne servait évidemment pas leur entreprise qui connaissait un déclin rapide. Alors, elle adorait raconter à certain(e)s de ses amies, parfois à ses clients (ouch !) ce qu’elle aurait pu faire « sans lui » ! C’était presque son sujet de conversation préféré. Et bien sûr, elle ne s’en rendait pas compte.
Sauf qu’il y avait plusieurs raisons pour lesquelles elle s’était associée à son meilleur ami de l’époque. Ne serait-ce que celle qui lui permit de vivre de sa passion ou encore celle de montrer à ses parents qu’elle était capable de monter et d’assumer un projet d’envergure internationale, sans leur aide, alors qu’ils ne misaient pas un copeck sur ses compétences de gestionnaire et de commerciale. Alors un soir, elle est venue toquer à la porte du bureau de son associé. S’en est suivit une folle soirée pendant laquelle ils se sont entraînés tous les deux à commencer quelques phrases par « Grâce à toi, j’ai pu… ». S’en est révélé notamment que, grâce à elle, il s’était sorti d’une grosse dépression et qu’il l’a remerciait d’être à ses côtés. Les larmes de joie en coulèrent, ils décidèrent ainsi de renouveler l’expérience le plus régulièrement possible. Cela leur avait fait un bien fou de retrouver leur amitié vieille de dix-sept ans, certes, plus plate, que tonique.
C’est ainsi qu’il nous achetât à son tour un exemplaire de notre livre que nous lui dédicaçâmes… Bref, un peu de storytelling poussif pour conclure. Mais pour tout vous avouer, cela m’embêtait vraiment de terminer cet article en vous affirmant que mon prochain Iphone X sera manifestement plus cool à l’utilisation que votre dernier S8 Edge... :)
By Guillermo Di BISOTTO