Silence, on investigue
J'en ai déjà parlé précédemment, notre promesse est d'apporter des informations pertinentes et inédites au marché.
Cette condition d'intersection justifie un certain nombre de nos choix rédactionnels et peuvent répondre aux questions relatives à l'importance que l'on accorde aux différents sujets. Ce n'est pas la seule, évidemment : la première reste l'éclairage que peut apporter nos informations dans la poursuite de notre but ultime. Mais pour faire court : un sujet très important pour le secteur sera traité de façon courte si nous n'avons pas d'éléments supplémentaires à apporter et un sujet mineur mais sur lequel nous avons des informations pertinentes aura quand même sa place dans nos pages.
Ce dernier cas est bien illustré par la couverture de la cession de Maddyness à Marc Menasé . La comm' a été faite via Les Echos, en temps normal nous n'aurions probablement pas repris l'information. Sauf que Mégane Gensous ayant travaillé sur le dossier depuis plusieurs mois, elle avait quelques éléments de contexte supplémentaire permettant de mettre en perspective cette opération.
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Et que ce se passe-t-il lorsque l'on a des informations pertinentes et inédites et sur un sujet important ? Cela donne tout simplement l'imposante enquête sur Fidor Bank AG d' Aude Fredouelle . Celle-ci a pris plusieurs semaines (voire plusieurs années, si on compte le suivi du secteur par Aude) et éclaire les difficultés d'intégration des acteurs innovants au sein des incumbents (rappel : nous ne sommes pas là pour donner des bons ou des mauvais points, mais pour alimenter une intelligence marché). Cet investissement temps coûte cher et n'est justifiable qu'avec un modèle de contenus payants. Si notre modèle était la publicité, nous aurions pu faire autant de pages vues et d'impression en publiant une alerte lorsque le service allemand de Fidor a fermé (c'est quand même cet événement qui a amené Aude à publier l'enquête hier, pour ne pas se faire damer le pion comme pour le cas Maddyness et perdre une partie de notre investissement). Si notre modèle était le brand content, nous n'aurions tout simplement pas pu publier cet article (je doute que Groupe BPCE nous sponsorise ce genre de contenus).
Le hic, c'est qu'un article court comme celui portant sur Maddyness a pris autant de temps qu'une enquête longue : Mégane est sur le sujet depuis septembre-octobre et n'a pas eu beaucoup plus que ses yeux pour pleurer lorsqu'elle a vu l'info filer aux Echos.
Certes, c'est le jeu ma pauvre Lucette, mais si on veut penser en tant qu'industriels de l'information, il faut apprendre à ne pas se claquer sur un simple match amical. Autrement dit, il faut parvenir à mitiger le risque de l'investissement. Cela passe par la création d'outils permettant de réduire le temps passé par les journalistes. Dans le cas Maddyness, une bête alerte sur les services d'accès au greffe du tribunal de commerce a suffit. Mais sur des sujets plus denses et récurrents, il faut construire une vraie machine. Aymeric MAROLLEAU détaille justement cette semaine comment ils (avec Sara Chaouki ) ont développé une série d'outils sur le secteur bancaire. Et c'est passionnant comme un roman (ou presque).