Les recettes du Kremlin en Ukraine : du réchauffé de l'Histoire
La Russie accuse l'Ukraine d'agression en Crimée et les chancelleries occidentales prennent ces allégations pour argent comptant.
Or il est évident qu'il s'agit là d'une manœuvre classique de diversion, utilisée par tous les régimes expansionnistes depuis la nuit des temps, qui consiste à intervertir les rôles, en transformant le bourreau en victime. Avant de passer à la vitesse supérieure de la violence, présentée comme un châtiment exemplaire.
En l'occurrence, le timing est aussi savamment calculé, à la faveur d'un ralenti estival, quand le monde entier est happé par les JO, et les États - Unis, l'unique contre-référence pour Poutine, sont empêtrés dans une campagne présidentielle, particulièrement virulente.
Le mois d'août est d'ailleurs particulièrement propice aux agissements soviético-russes à l'égard de "l'étranger proche" et moins proche : la douceur d'été a déjà rythmé le début de construction du mur de Berlin en 1961, l'intervention en Tchécoslovaquie en 1968 et , plus récemment, la guerre contre la Géorgie en 2008.
Actuellement, face à l'essoufflement de l'économie russe et en prévision des législatives avancées au 18 septembre prochain, Poutine a, manifestement, besoin d'une nouvelle guerre éclair pour étouffer en germe toute opposition (déjà en lambeaux) et doper son image d'un patriote à poigne, capable de cogner fort (caractéristique particulièrement appréciée par les Russes).
Je note que l'Histoire, avec un cynisme invraisemblable mais efficace, en profitant de la cécité inhérente aux opinions publiques, actionne encore et encore ses ficelles trop grosses et repasse ses plats congelés et dangereux pour la consommation, sur lesquelles les armadas de crédules ignares se jettent avec délectation, comme si c'était la recette d'un chef étoilé...